Après des années de recul, les statistiques montrent une augmentation du nombre d’infections sexuellement transmissibles depuis quelque temps. Cette tendance inquiétante reflète les lacunes en éducation sexuelle chez les jeunes comme les seniors.
Quelles sont les raisons de ce retour des MST ?
Après la période traumatisante de l’apparition du VIH dans les années 80, la prévention, notamment grâce au préservatif, avait fait reculer l’ensemble des infections. L’utilisation des protections en dehors des relations monogames de longue durée s’était imposée. Cependant, les progrès de la médecine ont laissé penser à certains que le SIDA n’était plus une maladie mortelle et qu’on en guérissait. Il est vrai que les rares cas de guérison ont systématiquement fait la une des médias, mais leur exposition médiatique ne signifie pas que c’est une réalité applicable à la population pour le moment.
De plus, de fausses informations circulent très rapidement sur les réseaux sociaux. En l’absence de cours d’éducation sexuelle suffisamment complet, les jeunes se dirigent vers ces sources d’informations alternatives et font confiance à des personnes sans formation. Les cours d’éducation à la sexualité sont également peu inclusifs. Ils ne couvrent pas l’ensemble des pratiques, notamment celles de la communauté queer, ce qui constitue un nouveau biais dans l’apprentissage d’une sexualité sécurisée. Les intervenants, mal formés, ou se basant sur leur conception hétéronormative des relations humaines, ne donnent pas les informations nécessaires à tous. Enfin, l’homophobie encore très présente et la stigmatisation de certaines pratiques empêchent de nombreux élèves de poser des questions qui les concernent.
Comment mieux informer les jeunes sur les moyens de protections ?
Dans un premier temps, améliorer les cours d’éducation sexuelle à l’école serait une bonne idée. Mais il faut également aider les jeunes à réaliser concrètement les risques auxquels ils s’exposent sans mesures de prévention adéquate. Par exemple, la plateforme Zava a mis au point un calculateur d’exposition sexuelle qui permet de mieux réaliser les chaines de transmissions possibles des maladies, incitant ainsi à la prévention et au dépistage. Réaliser Réaliser à combien de personnes nous sommes réellement exposés peut être effrayant, mais nécessaire pour comprendre toute l’importance de la prévention.
De plus, il faut déconstruire les croyances populaires sur les modes de transmission et les populations concernées (tout le monde peut en attraper, même avec un seul rapport). Il faudrait également axer les cours autant sur la prévention des maladies que sur celle des grossesses. Enfin, l’aspect financier de l’accès aux protections ne doit pas être négligé. Pour rappel, le gouvernement avait permis en 2022 la gratuité des préservatifs pour les jeunes de 18 à 25 ans. Le planning familial fournit par ailleurs des préservatifs, mais aussi des digues dentaires aux jeunes qui les demandent, de manière anonyme et gratuite.
Il est de la responsabilité de tous de protéger la population en diffusant des informations de qualité et en laissant la porte ouverte au dialogue. Communiquer sans gêne auprès des jeunes et leur laisser la possibilité de poser leurs questions sans jugement est un aspect crucial de la prévention. Encore faut-il que les acteurs de l’éducation possèdent ces ressources et disposent du temps nécessaire à leur diffusion.