Battre des records avec des voitures électriques en Norvège, pays du froid polaire et du saumon roi ? Il fallait oser. Pourtant, c’est bien ce qu’a fait ce petit pays scandinave, qui explose les compteurs : en septembre 2025, 98,3% des nouvelles immatriculations de voitures particulières étaient 100% électriques. Derrière ce feu d’artifice chiffré, un parfait cocktail d’ingéniosité politique, d’infrastructure bien pensée… et, il faut bien l’avouer, d’un zeste d’audace nationale !
Quand la Norvège électrise l’Europe
En septembre 2025, la Norvège a une fois de plus marqué les esprits, confirmant son statut de pionnière dans la transition vers la mobilité zéro émission. Avec un record de 98,3% de voitures électriques parmi les nouvelles immatriculations, elle ne laisse aucune chance aux moteurs thermiques. Sur les neuf premiers mois de 2025, la part cumulée atteint 95% : du jamais-vu !
Ces chiffres n’ont rien d’un miracle spontané. Ils sont le fruit d’une stratégie méthodique et assumée, collectée et suivie de près par l’Administration norvégienne des routes (OFV). Ce pays touche presque à son objectif politique : que tous les nouveaux véhicules soient à zéro émission dès 2025. Ambitieux ? Oui. Irréalisable ? Manifestement, non.
Bâton fiscal pour les uns… carotte pour les autres !
Comment expliquer cette Norvège électrophile, alors que les batteries tremblent d’habitude face au froid et que les distances entre villes peuvent donner des sueurs même à un GPS ?
Tout commence par un système fiscal redoutablement efficace. Les voitures à moteur thermique sont lourdement taxées à l’importation, rendant leur achat franchement dissuasif. A contrario, les véhicules électriques profitent d’une exonération totale de ces taxes. Jusqu’en 2022, ils échappaient même à la TVA (25% quand même !), privilège restreint depuis 2023 aux véhicules dont le prix n’excède pas 42 600 €. Et pour les entreprises ou les gros rouleurs, des mesures spécifiques ont été concoctées pour favoriser le leasing et les flottes professionnelles.
C’est la politique du « bâton pour les véhicules fossiles, et de la carotte pour les véhicules électriques », comme la résume si élégamment Cecilie Knibe Kroglund, secrétaire d’État au ministère des Transports. Et la carotte ne s’arrête pas à la douane ! Les automobilistes électriques ont bénéficié de la gratuité aux péages, de tarifs réduits sur les ferries ou les parkings et ont même été autorisés à se glisser dans les couloirs de bus en ville. Certains de ces avantages matériels ont été supprimés au fil du temps : difficile de faire circuler une carotte dans une purée de voitures électriques !
Un réseau qui ne laisse personne sur le carreau (glacé)
Mais la fiscalité ne fait pas tout, surtout quand il gèle à pierre fendre. La Norvège a bâti un réseau de bornes de recharge dense et efficace, coupant court à l’une des plus grandes craintes liées à l’électrique : la panne d’énergie, surtout l’hiver. Cerise sur le gâteau nordique, la plupart des batteries vendues localement disposent désormais d’un système de gestion thermique permettant de les préchauffer avant la charge. Les pertes d’autonomie liées au froid ? Drastiquement limitées.
Les habitudes de recharge norvégiennes ont aussi de quoi inspirer. Beaucoup d’automobilistes ne chargent que l’énergie nécessaire à leur trajet immédiat, garantissant un fort roulement aux bornes, et très peu d’attente. Le fantasme de la queue interminable à la borne ? Oublié au pays des fjords.
Ajoutons à cela une veille constante menée par le NAF, l’organisme des automobilistes norvégiens, qui réalise des tests d’autonomie grandeur nature (oui, même l’hiver !). Ces résultats, loin de rester dans le froid nordique, circulent à l’international et influencent directement les stratégies des industriels, qui n’hésitent plus à tester leurs propres modèles sur place.
Tesla sur le trône, le marché en pleine effervescence
L’incroyable dynamique norvégienne se traduit par des chiffres qui donnent presque le vertige : plus de 10% d’immatriculations supplémentaires en septembre, comparé à l’année précédente, et surtout, 113 325 nouvelles voitures sur les neuf premiers mois de 2025, soit une croissance de 23,5% par rapport à 2024.
Qui tient le haut du pavé ? Tesla, bien sûr, qui rafle près d’un tiers des ventes en septembre avec sa Model Y, venue chatouiller la neige et les records avec 4 132 exemplaires écoulés. Histoire de garder les pieds sur terre, ce chiffre reste largement inférieur à celui de certains marchés voisins (presque trois fois moins qu’en France sur la même période, pour rester humble…)
- Politiques fiscales revenant à décourager le thermique et à favoriser l’électrique
- Réseau de recharge à la pointe, renouvelé en continu
- Aide concrète à l’usage au quotidien : zéro péage, stationnement facilité…
- Constructeurs étrangers et neutralité bien utile du gouvernement local
En conclusion : la Norvège ne doit pas son explosion électrique à la magie du Nord, mais à une cascade savamment orchestrée de mesures concrètes et d’innovations. Si beaucoup rêvent d’importer à l’identique ce schéma, il ne faut pas négliger une réalité : l’échelle du territoire et la mentalité collective comptent pour beaucoup. La mobilité verte à la norvégienne, c’est en somme la preuve que de la volonté politique (et un brin de carotte), on peut changer le visage de la route… même quand il fait -20 !
