Un réfugié tchétchène gay de 28 ans a été arrêté mercredi à l’aéroport Domodedovo de Moscou alors qu’il tentait de retourner aux Pays-Bas, selon le groupe de défense russe LGBTQ+ SK SOS. Il rentrait chez lui après avoir assisté aux funérailles de son père.
SK SOS a publié une vidéo de l’arrestation sur Telegram et Instagram.
Dans les images, Idris Arsamikov est vu conduit par un agent non identifié en civil dans une zone sécurisée derrière les barreaux, alors que son avocat l’exhorte à résister, selon la traduction de l’incident par l’organisation.
« L’agent qui est venu chercher Idris à Domodedovo n’a pas présenté de documents à la police locale et a refusé d’informer son avocat du statut du détenu », a écrit SK SOS dans un message accompagnant la vidéo. « Nous pensons qu’Arsamikov est maintenant emmené en Tchétchénie, où il fait face à un danger mortel. »
Le média russe interdit Meduza a rapporté de Lettonie qu’Arsamikov avait subi une attaque de panique alors qu’il était conduit à travers l’aéroport, incitant les autorités à appeler une ambulance.
Selon SK SOS, Arsamikov a été arrêté pour la première fois par les autorités tchétchènes à l’été 2018, lorsqu’il a été torturé par les forces de sécurité cherchant à avouer qu’il était homosexuel et dans une relation homosexuelle. SK SOS a aidé Arsamikov à fuir la Tchétchénie et à s’installer aux Pays-Bas.
L’arrestation d’Arsamikov mercredi aurait été effectuée après que les autorités tchétchènes ont publié un bulletin de tous les points pour sa capture, sur la base d’une affaire de fraude portée contre lui en 2021.
Selon le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains, les autorités tchétchènes ont arrêté et torturé plus de 150 personnes dans la région de Russie déchirée par la guerre de 2017 à 2020, dans ce que les diplomates et les militants appellent communément une « purge gay ».
Human Rights Watch et d’autres organisations ont signalé des violences homophobes systématiques sous le régime de Ramzan Kadyrov, dirigeant autoritaire de la République tchétchène et allié du président russe Vladimir Poutine.
Le documentaire de 2020 Welcome To Chechnya a rapporté l’épreuve du gay tchétchène Maxim Lapunov et d’autres avec des images déchirantes enregistrées sur des téléphones portables et des caméras de vidéosurveillance, documentant l’utilisation de la torture, de la terreur et des camps de concentration pour exterminer la population LGBTQ + dans l’ancienne république séparatiste.
Le dirigeant tchétchène a ri des accusations.
« C’est un non-sens », a répondu Kadyrov lorsqu’on l’a interrogé sur les allégations. « Nous n’avons pas ce genre de personnes ici. Nous n’avons pas de gays. S’il y en a, emmenez-les au Canada.