Qui n’a jamais espéré glisser incognito devant un radar automatique, comme un ninja des temps modernes du bitume ? Aujourd’hui, la réalité dépasse la fiction : une vague de stratagèmes, parfois dignes du scénario d’un film, commence à donner du fil à retordre aux autorités. Entre inventions astucieuses et bricolages savamment orchestrés, le phénomène inquiète autant qu’il fascine…
De l’invisibilité sur demande : quelles sont ces astuces ?
Depuis l’avènement massif des caméras ANPR (Lecture Automatique des Plaques d’Immatriculation), beaucoup de conducteurs cherchent le moyen idéal de passer entre les mailles du filet. Leur but ? Rendre leur voiture indétectable, même face à des systèmes automatisés de plus en plus perfectionnés. Et pour y arriver, certains redoublent d’imagination.
- Les fameuses plaques 3D ou 4D : leurs chiffres et lettres en relief, associés à des matériaux réfléchissants, perturbent la capture d’informations par les caméras. Reflets bien placés, angles vicieux : la lecture devient incertaine, voire impossible !
- Les filtres transparents ou couvre-numéros partiels : subtils, ils modifient la teinte ou masquent habilement une partie des caractères, tout en échappant (presque) à l’œil nu.
- Les applications mobiles spécialisées : elles signalent la localisation des radars et aident à planifier son itinéraire pour les éviter.
- Le clonage de plaques d’immatriculation d’autres véhicules, un exercice risqué et particulièrement redouté par les autorités pour sa complexité.
Oubliez donc le vieux mythe urbain de l’aérosol « magique » ou des autocollants floutés : aujourd’hui, ces techniques se perfectionnent dans une sorte de concours d’ingéniosité nationale, chaque année plus créatif que la précédente.
Un défi pour la sécurité routière… et pour la justice
Les impacts ne sont pas des moindres. Selon le professeur Fraser Sampson, ancien responsable du système ANPR britannique, près de 3 % des lectures quotidiennes (soit plus de deux millions par jour !) seraient perturbées par ces manipulations. Autant dire que l’efficacité du système en prend un coup.
Mais le détournement va parfois plus loin. Le clonage de plaques, en particulier, plonge les victimes innocentes dans des méandres administratifs interminables : recevoir des amendes pour des infractions qu’on n’a même pas commises, les nerfs et le portefeuille n’apprécient pas vraiment.
Au-delà de la galère individuelle, ces manipulations ébranlent aussi la confiance dans la justice routière. Si tout le monde peut soudainement devenir invisible, à quoi sert encore la surveillance automatisée ? Un vrai casse-tête que redoutent les pouvoirs publics.
L’illégalité… encourage-t-elle le phénomène ?
En principe, la loi ne plaisante pas : en France, toute modification non homologuée de plaque se paie d’une amende, voire de l’immobilisation du véhicule. Au Royaume-Uni, la sanction atteint 117 euros – un montant jugé largement insuffisant par rapport au coût potentiel d’une suspension de permis après un excès de vitesse détecté… ou pas détecté !
Cette indulgence relative encourage certains à tenter leur chance, d’autant que les investissements dans des plaques « sophistiquées » paraissent vite rentabilisés face aux contraventions évitées. Et comme le montrent des cas de contraventions délirantes, comme celle enregistrée après un improbable flashage à 703 km/h, le système connaît parfois de beaux ratés, symptomatiques de la complexité croissante de la fraude.
Une course technologique et sociétale… loin d’être terminée
Le phénomène, très ancré outre-Manche, prend désormais racine en France, porté par :
- Le durcissement des règles et la sensation d’être observé en permanence.
- La viralité des vidéos et conseils sur les réseaux sociaux, qui accélèrent l’adoption des méthodes « miracle ».
- La sophistication rapide des dispositifs de contrôle, qui pousse sans cesse à l’innovation… des deux côtés de la barrière.
Face à ce défi, autorités et pouvoirs publics s’activent. Au menu :
- Renforcer les caméras ANPR et adapter la législation.
- Sensibiliser les automobilistes sur les risques et les conséquences (souvent inattendues !).
- Envisager une meilleure coopération européenne pour limiter les fraudes transfrontalières.
- Éventuellement, alourdir les sanctions pour donner un vrai signal aux amateurs de l’invisibilité routière.
Car à force de « malins » qui trichent, c’est la sécurité collective qui risque de payer l’addition ! Innover dans la fraude routière, c’est s’engager dans une véritable partie d’échecs… Mais la route, elle, n’est pas un jeu. Prudence et respect des règles sont toujours de mise, surtout pour ceux qui n’aiment pas les (mauvaises) surprises dans la boîte aux lettres.
