Votre valise ou votre vie ? La question ne devrait même pas se poser, pourtant la Federal Aviation Administration (FAA) hausse à nouveau le ton. Laisser ses bagages à bord en cas d’évacuation est loin d’être un simple détail – c’est une consigne qui sauve, et l’agence américaine souhaite bien le rappeler à tous les passagers, distraits comme super prévoyants.
Quand vos bagages deviennent des obstacles à la survie
Regardons la réalité en face : le message « Gardez vos bagages à bord en cas d’évacuation d’urgence » n’est toujours pas intégré par la majorité des voyageurs. Ce n’est pas faute d’être répété – ou, pour être plus juste, pas assez répété si l’on en croit la FAA. Après plusieurs incidents où des passagers ont tenté de sauver plutôt leur ordinateur portable que leur voisin, l’agence a publié le 16 septembre 2025 une nouvelle Safety Alert for Operators (SAFO 25003). En clair : une alerte officielle pour tirer la sonnette d’alarme, avec ce titre évocateur que tous les pros de l’aérien devraient méditer.
Pourquoi cette insistance ? Cela tient à quelques constats terrifiants :
- Des couloirs d’évacuation piétinés, ralentis, voire complètement bouchés par des bagages
- Des chutes à répétition, souvent aggravées par la panique et l’encombrement
- Des retards cruciaux dans l’évacuation, précieux quand le danger approche à la vitesse de la lumière (ou au moins aussi vite que l’odeur du plat principal…)
- À la clef, une hausse réelle du nombre de blessés et, oui, de décès.
Il faut le dire : dans des situations documentées aux États-Unis, en Europe, en Asie, ce comportement a coûté cher. Rappel frappant en 2019, lors du drame du Sukhoï Superjet à Moscou : 41 morts, et des images de passagers évacuant, valise à la main. Difficile de rester de marbre.
Renforcer l’information, au sol comme dans les airs
La FAA ne se contente pas d’agiter un drapeau rouge. Elle incite fortement les compagnies aériennes à revoir leurs procédures. Sont notamment mis sur la table :
- Des démonstrations de sécurité retravaillées, des cartes de consigne actualisées
- L’harmonisation des annonces audio, pour qu’aucun message ne se perde en vol (ni en traduction, ni en humour involontaire…)
- L’intégration, lors des entraînements de simulation, de scénarios où des passagers s’obstinent à récupérer leurs bagages
- La garantie de briefings aux issues de secours systématiques, délivrés clairement.
Mais ce n’est pas tout ! L’idée est d’aller au-delà des cabines, jusque dans les halls d’aéroport. Comment ?
- Affichages bien visibles
- Vidéos pédagogiques disséminées dans les files d’attente
- Pictogrammes universels (rien de tel qu’un dessin pour clouer le bec à la mauvaise foi…)
- Et slogans courts du type « Pour la sécurité de tous, laissez vos bagages »
Un effort collectif, donc, avec le soutien des inspecteurs et enquêteurs de la FAA, pour convaincre les compagnies de jouer le jeu. Rappelons-le : cette alerte n’est pas (pour l’instant) une obligation réglementaire, mais une recommandation musclée, utilisée comme levier d’influence.
Pourquoi la règle est vitale : 90 secondes, pas une de plus
Chaque seconde compte – la réglementation internationale l’affirme : évacuer tout un avion en 90 secondes, même si la moitié seulement des issues fonctionne. Bonne chance, déjà, en situation réelle ! Car stress, panique, et fouille frénétique des coffres à bagages viennent grignoter ce précieux délai. Autant dire qu’un dé de plus, ce sont potentiellement des vies de moins.
Ajoutez à ce casse-tête l’éventualité d’une batterie lithium qui prend feu, coincée dans un coffre qu’on ne peut ouvrir parce que le signal « attachez vos ceintures » est allumé… Oui, la sécurité aérienne n’est jamais aussi simple qu’un « il suffit de… ».
Sensibilisation, sanctions et pistes de solution : le vrai plan de vol ?
Certaines compagnies, comme Air France, rappellent déjà systématiquement cette consigne avant décollage et atterrissage. Mais faut-il aller plus loin ? Les débats évoquent, côté France, des peines pouvant aller jusqu’à un an de prison et 15 000 € d’amende pour mise en danger d’autrui – de quoi calmer les ardeurs matérialistes.
Propositions entendues :
- Des messages garantissant le remboursement intégral des biens en cas d’évacuation, histoire d’éviter le syndrome du « Les compagnies sont des rats, alors je sauve mon ordi moi-même »
- Former les passagers à la sacoche d’urgence minimaliste (ordinateur, papiers, médicaments…), qui ne gênerait pas la sortie ni ne mettrait la vie de quiconque en danger (idée d’autant plus séduisante que, soyons honnêtes, les valises cabine contiennent rarement le Saint Graal…)
- Appliquer rigoureusement les sanctions prévues : amende de 15 000 € et interdiction de vol pour les plus récalcitrants
Conclusion : Plus d’affichage, plus de pédagogie, peut-être plus de fermeté… Le défi est collectif pour que l’instinct de survie ne s’accompagne pas d’un réflexe valise. Au fond, il y a une consigne essentielle à retenir : en cas d’urgence à bord, vos souvenirs de vacances ou votre valise dernier cri valent bien moins que le temps gagné à sortir. Laissons les bagages ; la vie, elle, ne se rattrape pas dans un porte-bagages !
