Poussière de craie sur vos stylos numériques : Polytechnique recule face à Microsoft 365, et c’est toute la galaxie universitaire française qui voit le logiciel libre prendre un sacré coup de projecteur ! C’est la souveraineté numérique qui rugit, la défense du pluralisme technologique qui s’enflamme, et pour les amoureux des acronymes et de l’indépendance nationale, un grand ouf de soulagement sur le campus !
Polytechnique, le géant scientifique qui dit stop au géant américain
Après des mois de tension feutrée, ponctués de débats jusqu’au cœur des labos et de coulisses parfois dignes d’un polar administratif, la direction de l’École polytechnique vient d’annoncer la suspension de son projet de migration vers Microsoft 365. Ce revirement n’est pas qu’une affaire d’informatique, c’est un signal fort pour tous ceux qui, dans l’enseignement supérieur, refusent de sacrifier la souveraineté numérique française pour quelques facilités logicielles. On parle d’une victoire éclatante du logiciel libre qui résonne déjà comme un exemple à suivre.
Le projet de l’X, pourtant si bien ficelé sur le papier, comportait des failles béantes. En confiant ses données à l’écosystème Microsoft, Polytechnique s’exposait ni plus ni moins qu’aux lois extraterritoriales américaines, style Cloud Act et FISA, ce qui revenait à transformer les précieuses recherches françaises en appât potentiel pour les services de renseignement américains, façon « data qui traverse l’Atlantique sans même un passeport ».
Mais la cerise sur le gâteau, c’est la législation française elle-même : l’article L123-4-1 du Code de l’éducation impose déjà la priorité au logiciel libre dans l’enseignement supérieur. Avancer tête baissée dans une direction opposée, c’était prendre le risque d’un bras de fer juridique avec le CNLL (Conseil National du Logiciel Libre)… et devinez qui a sorti l’artillerie lourde ?
Des pressions multiples pour un virage inattendu
Cette décision n’est pas tombée du ciel. Elle est le fruit d’une mobilisation que seule la France sait orchestrer : personnel et chercheurs mobilisés, presse à l’affût du loup masqué dans le cloud et personnalités politiques montant au créneau. Le député Philippe Latombe, en particulier, a marqué un joli point en soulignant via sa question écrite n°5346 toutes les absurdités de ce projet par rapport à la protection des Zones à Régime Restrictif (ZRR) et aux circulaires ministérielles.
La réponse ministérielle, certes rapide, a préféré jongler avec des considérations techniques, évitant soigneusement le vrai sujet : cette dépendance quasi définitive à des outils non-souverains, et un risque accru pour la souveraineté numérique. Oups, oublié l’article 16 de la loi République numérique de 2016 et la directive ministérielle 01/DEF/DGSIC de 2007 sur les logiciels de Défense…
L’affaire Polytechnique, la partie visible de l’iceberg
Si l’X focalise les projecteurs, l’affaire n’est que le sommet d’un iceberg bien plus inquiétant. Au même moment, outre-Rhin, la DSB autrichienne (équivalent local de la CNIL) déclare que Microsoft 365 Education viole le RGPD, entre autres pour les pratiques de pistage illégal et l’usage commercial douteux des données étudiantes. En France, d’autres établissements moins médiatisés subissent une pression rampante pour abandonner l’open source au profit de solutions propriétaires parfaitement verrouillées.
La CNLL rapporte que des enseignants-chercheurs sont aujourd’hui sommés d’arrêter d’utiliser des outils libres et ouverts, même pour leurs enseignements. Un comble, encouragé par des recommandations administratives qui ignorent la loi en place. Cette dérive remet en cause l’indépendance académique et le pluralisme technologique qui devraient irriguer nos universités.
- Dépendance aux serveurs américains (Cloud Act et tout le tralala),
- Données de recherche exposées au renseignement outre-Atlantique,
- Contexte légal français systématiquement bafoué,
- Liberté académique et pluralisme menacés.
Vers un réveil collectif ? Le logiciel libre ne compte pas rester sur la touche
Pour Stefane Fermigier, coprésident du CNLL, le cas Polytechnique n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond. Il rappelle que la décision de la DSB autrichienne s’aligne avec les diagnostics déjà posés par la CNIL, depuis l’affaire du Health Data Hub en 2020 jusqu’aux débats sur l’enseignement supérieur. Le modèle même des solutions cloud soumises au droit américain est, selon lui, tout simplement incompatible avec la réglementation européenne et la défense des intérêts stratégiques nationaux.
Espérer tout régler par des contrats ou des clauses rassurantes ? Illusion dangereuse, martèle-t-il. Son appel est limpide : sortir du déni, et prendre finalement des décisions conformes à la loi et à l’intérêt supérieur du pays.
Face à ce constat, le CNLL ne se contente pas de critiquer. Il propose un accompagnement concret via un groupe de travail dédié à aider tous les établissements désireux d’opter pour des solutions libres, souveraines et interopérables. Selon cette organisation, l’écosystème français du numérique libre est aujourd’hui assez mature et efficace pour fournir une alternative crédible à n’importe quelle solution propriétaire.
Le message est posé : il est temps de troquer la logique de dépendance subie pour une vraie stratégie de souveraineté numérique assumée. La loi existe, la volonté monte – place à l’action concrète ! Est-ce que Polytechnique a montré la voie ? Assurément. Reste à voir si la vague du logiciel libre en enseignement supérieur emportera tout sur son passage… ou saura au moins faire le ménage dans nos serveurs bien tricolores.
