Près de deux ans après la mort de Nahel, un nouveau rebondissement secoue l’actualité judiciaire, ravivant souvenirs douloureux et émotions à vif. Alors que la France entière se souvient des émeutes de 2023, le policier impliqué dans le tir mortel remontera prochainement sur le devant de la scène, cette fois devant les assises. Retour sur une affaire brûlante dont les enjeux dépassent les portes du tribunal.
Des faits marquants à un procès annoncé
En juin 2023, la France bascule. Nahel, 17 ans, est tué à Nanterre lors d’un contrôle de police qui dégénère. Instantanément, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, déclenchant une vague d’indignation et plusieurs jours d’émeutes jamais vus depuis des années. Un véritable séisme collectif.
Au cœur de la tourmente : le policier auteur du tir mortel. Très vite, il est placé en détention provisoire, avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Si la tension est retombée dans la rue, la blessure demeure vive pour beaucoup. Pour la mère de Nahel, notamment, qui confiait un an après le drame au magazine Elle être « morte à l’intérieur ». Une phrase qui résonne comme une déchirure, rappelant à quel point aucune procédure ne saura jamais apaiser une telle douleur.
Le parquet persiste : vers une audience en cour d’assises
Les mois passent, l’instruction suit son cours, scrutée de toutes parts. Le mardi 3 juin 2025, sur fond de débats juridiques et de pressions multiples, deux magistrats instructeurs tranchent : ils rendent une ordonnance de mise en accusation pour « homicide volontaire ». Cette décision, révélée par BFMTV, scelle le renvoi du policier devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, conformément aux réquisitions du parquet de Nanterre émises en mars.
Le procès, que beaucoup attendaient avec gravité ou appréhension, devrait se tenir au deuxième ou troisième trimestre 2026, toujours dans les Hauts-de-Seine. Autant dire que le feuilleton judiciaire s’annonce encore long et intense.
Le parquet, dans ses réquisitions, a été clair :
- Il était « possible de tirer sur le capot ou sur les pneus du véhicule », ce qui aurait permis d’éviter de porter atteinte à l’intégrité physique du conducteur.
- Les conditions de la légitime défense ne sont « pas remplies » au moment des faits.
- Ouvrir le feu ainsi constituerait donc, au minimum, « une prise de risque inconsidérée ».
Ces éléments, d’une froideur technique presque glaçante face à la tragédie humaine, ont mené à la requalification de l’acte en « homicide volontaire ».
Famille anéantie, défense en alerte
Alors que la famille de Nahel reste bouleversée par ce nouvel épisode, l’annonce du renvoi devant la cour d’assises vient mêler un nouvel espoir de justice à une souffrance ravivée. La réaction maternelle, livrée un an après à Elle, semble rappeler que le temps judiciaire n’est pas celui du deuil.
Du côté du policier, la défense ne compte pas rester silencieuse. Maître Laurent-Franck Lienard, avocat de l’agent mis en examen, l’a déjà affirmé haut et fort à BFMTV : il entend faire appel de cette ordonnance de renvoi. Pour lui, il s’agit d’obtenir rien de moins qu’un non-lieu, et d’éviter ainsi un procès au pénal pour son client. « On demande un non-lieu », répète l’avocat, contestant la décision des juges d’envoyer son client devant la cour d’assises.
Ce qui nous attend : une société en attente de réponses
Cette affaire, qui puise sa force dans la douleur d’une famille et la colère d’une société, pose inévitablement les questions majeures du rapport entre police et population, de l’usage de la force et du sens du mot justice. En attendant le procès, prévu pour 2026, chacun se trouve suspendu aux décisions, avec bien peu d’illusions sur la capacité du droit à tout réparer.
Même si le temps est long et l’attente insupportable pour certains, suivre cette affaire, c’est aussi affirmer l’importance de la vérité judiciaire. À défaut de panser toutes les plaies, elle pourra, peut-être, ouvrir la voie pour que de tels drames ne se répètent plus.
