Washington (AFP) – Une cinquantaine de migrants envoyés sur la riche île de Martha’s Vineyard, dans le nord-est des Etats-Unis dans le cadre d’une bataille politique sur l’immigration, seront temporairement hébergés dans une base militaire non loin de là, a annoncé vendredi le gouverneur du Massachusetts.
Les migrants, pour la plupart des Vénézuéliens et dont des enfants, sont arrivés mercredi à Martha’s Vineyard, un bastion démocrate et lieu de villégiature populaire pour l’élite politique du pays.
Ils avaient été embarqués à bord de vols en provenance du Texas que le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, dit avoir affrétés.
Malgré la mobilisation locale pour aider les nouveaux arrivants, l’île n’est « pas équipée pour fournir un logement durable, et les responsables de l’État ont élaboré un plan pour apporter une réponse humanitaire globale », indique un communiqué de l’administration du gouverneur Charlie Baker, un républicain.
Les autorités de l’État ont proposé vendredi de déplacer les migrants, sur une base volontaire, vers un logement temporaire à la base commune voisine de Cape Cod.
« Les familles ne seront pas séparées », indique le communiqué, notant que la base servait auparavant d’abri d’urgence et que les migrants auraient accès à des soins et à des services juridiques.
Selon les médias locaux, les migrants étaient en route vers la base vendredi midi.
Certains d’entre eux avaient dit qu’ils ne savaient pas qu’ils étaient envoyés sur une île.
Le législateur local démocrate Julian Cyr a appelé à une enquête.
« Que cela corresponde ou non au seuil légal de la traite des êtres humains, cela correspond au seuil moral de la traite des êtres humains », a-t-il déclaré à la télévision locale, ajoutant qu’il espérait que le ministère de la Justice se pencherait sur l’incident.
L’envoi de migrants dans les bastions démocrates est devenu un gourdin politique pour la droite américaine afin de dénoncer la politique d’immigration du président Joe Biden, qui, selon eux, a permis aux sans-papiers de franchir en grand nombre la frontière avec le Mexique.
C’est aussi une manière d’essayer de placer l’immigration au centre de la campagne pour les élections de mi-mandat en novembre.
Jeudi matin, deux bus transportant des migrants sont arrivés près de la résidence officielle de la vice-présidente Kamala Harris à Washington, un lieu choisi exprès car elle supervise le dossier explosif de l’immigration pour la Maison Blanche. Ils avaient été envoyés par le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott.
Vendredi, la Maison Blanche a de nouveau critiqué les tactiques des gouverneurs républicains envers les personnes qui ont fui le régime socialiste au Venezuela.
« C’étaient des enfants. Elles étaient mamans. Ils fuyaient le communisme. Et qu’est-ce que le gouverneur DeSantis et le gouverneur Abbott leur ont fait ? Ils les utilisent comme des pions politiques, les traitant comme des biens meubles dans un coup politique cruel et prémédité », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
«Ce sont les types de tactiques que nous voyons chez les passeurs dans des endroits comme le Mexique et le Guatemala. Et pour quoi? Une séance photo ? » dit-elle.
Mais DeSantis a riposté en se moquant du fait que les migrants avaient été transférés hors de l’île riche.
« Au fait, ils les ont déjà chassés. Ils ont dit : ‘Nous voulons tout le monde. Personne n’est illégal. Et ils sont partis dans les 48 heures », a-t-il déclaré.