À la suite d'un arrêt historique de la Cour de justice de l'Union européenne (CJCE), une compagnie ferroviaire française ne peut pas obliger ses clients à partager leurs marqueurs de genre afin d'acheter un billet de train.
Cet arrêt devrait avoir des répercussions sur tous les autres États de l’Union européenne.
L'affaire a été intentée en 2021 par l'Association Mousse, une organisation française de défense des droits LGBTQ+, contre la compagnie ferroviaire publique française SNCF et son mandat de collecte d'informations liées au genre.
L'affaire portait sur la pratique de la SNCF consistant à obliger les passagers à choisir entre les titres civils de « Monsieur » ou « Mme » lors de l'achat de billets, sans possibilité de ne pas donner de réponse ou de choisir une option neutre en matière de genre.
Mousse a allégué que c'était discriminatoire à l'égard des personnes transgenres et non binaires, et que la collecte de données sur l'identité de genre lors de l'achat de billets de train contrevenait aux exigences du Règlement général sur la protection des données (RGPD) visant à minimiser la conservation des données.
La SNFC et la NCIL ont fait valoir que « le traitement des données relatives à la civilité (est) considéré comme nécessaire aux fins des intérêts légitimes ».
Les juges luxembourgeois ont donné raison à Mousse, estimant que « la personnalisation de la communication commerciale, fondée sur une identité de genre présumée fondée sur la civilité, n'apparaît pas objectivement indispensable ou indispensable pour permettre la bonne exécution du contrat concerné ».
Les juges ont ajouté qu’une « solution pratique et moins intrusive » pour les entreprises pourrait consister à utiliser « des expressions de politesse génériques et inclusives » pour s’adresser aux voyageurs.
Le représentant légal de Mousse, Etienne Deshoulières, a déclaré : « La décision de la CJUE marque un changement significatif dans la relation entre l'État et les citoyens.
« Auparavant, l'État était « propriétaire » des données de l'état civil et interdisait de modifier ces données, sauf circonstances exceptionnelles. Désormais, chaque citoyen est « propriétaire » de ses données personnelles et autorise l'État à les traiter dans les limites fixées par le RGPD.
« La distinction binaire entre les sexes dans la loi a longtemps été la pierre angulaire du système discriminatoire à l’égard des minorités sexuelles et de genre. Si cette binaire juridique n’existe plus, alors un large éventail de discriminations juridiques disparaîtra. Cela représenterait le point culminant de décennies de plaidoyer en faveur des droits LGBT+.
Richard Köhler, conseiller pour Transgender Europe, a déclaré que « 65 % des personnes trans en Europe s'identifient comme non binaires » et sont « obligées de naviguer dans des systèmes qui ne correspondent pas à leur identité ».
Il a poursuivi en disant : « Cette affaire signale un progrès : moins de paperasse, moins de boîtes binaires et un avenir où le droit européen reconnaît et protège enfin les vies non binaires et trans. La prochaine génération ne mérite rien de moins.
Marie-Hélène Ludwig, responsable du contentieux stratégique principal d'ILGA-Europe, a déclaré : « La décision d'aujourd'hui est cruciale pour mettre fin à la discrimination fondée sur l'identité de genre à laquelle sont confrontées les personnes non binaires et tous ceux qui ne s'identifient pas au genre. binaires, et qui sont contraints de choisir dans leur vie quotidienne entre deux options qui ne correspondent pas à leur identité.
« Cet arrêt aura des conséquences considérables, car il indique clairement que la collecte de marqueurs de genre lorsque cela n’est pas strictement nécessaire est non seulement illégale, mais aussi potentiellement discriminatoire. »
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