Il y a quelque chose dans les Polaroïds d'Ahmad Naser qui vous arrête net. Non pas parce qu’ils sont bruyants, choquants ou délibérément provocateurs, mais parce qu’ils semblent privés. Ils ressemblent à quelque chose que vous n'êtes pas censé voir – comme se glisser dans le week-end, la chambre ou le petit monde gorgé de chaleur de quelqu'un d'autre.





Cet ensemble de 17 images ressemble moins à un projet artistique organisé qu’à une boîte de Polaroïds découverte au fond du placard d’un ami. Ceux qu'ils avaient oubliés étaient là. Le genre qu'ils rougiraient si vous le trouviez. Chaque photo ressemble à un moment capturé trop rapidement pour être interprété par l'appareil photo et trop honnêtement pour être mis en scène.
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L'intimité des polaroïds
Certaines scènes se déroulent sur une plage ; d'autres ont l'air d'avoir été prises au bord d'une piscine ou dans la salle de bain. Quelques-uns ressemblent à des instantanés d’une fête qui se sont transformés en quelque chose de plus lâche et de plus intime. Des corps au sol, des corps penchés les uns sur les autres, des corps qui se reposent ou se taquinent ou simplement existent. Quelqu'un se couvre le visage. Quelqu’un d’autre tient un jouet. Un homme est surpris en train de faire pipi. Rien n’y est bien rangé. Tout semble réel.






Quiconque connaît bien la photographie gay se souviendra peut-être des Polaroïds emblématiques de Tom Bianchi de Fire Island au milieu des années 1970. La collection de Naser évoque la même intimité et la même espièglerie qui rendent presque hommage à Bianchi, intentionnellement ou non.
Vous vous en souviendrez peut-être…
Si vous avez passé du temps avec le projet plus vaste d'Ahmad – la série de 91 images d'études rapprochées du corps masculin – vous reconnaîtrez sa fascination pour la proximité. Dans cette collection précédente, la caméra se rapprochait suffisamment pour que la peau devienne un paysage, la lumière une texture et que chaque courbe et chaque pore ait sa propre signification. Le travail était contemplatif, concentré et presque méditatif. Il invitait les spectateurs à ralentir et à vraiment regarder.






Proximité VS Intimité
Les Polaroïds bougent différemment. Ils sont plus rapides, plus lâches, plus espiègles. Là où les portraits en gros plan étaient contrôlés et délibérés, les Polaroïds semblent impulsifs, comme s'ils avaient été pris entre un verre ou entre des moments de luxure. La série précédente mettait en valeur la forme ; ces polaroïds mettent en valeur l'énergie. Vous avez l'impression que la caméra n'était pas au centre de l'attention, elle était juste à proximité.
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Ce qui relie les deux corpus d’œuvres, c’est l’instinct de présence d’Ahmad. Il ne s'intéresse pas au spectacle ou à la valeur de choc ; il s'intéresse à l'honnêteté qui se produit lorsque les gens oublient de jouer. Dans la série en gros plan, cette honnêteté transparaît dans le calme. La confiance tranquille d’une épaule nue, d’une hanche, d’un bout de peau illuminé comme il faut. Dans les Polaroïds, il émerge à travers le mouvement et le chaos : une fête à la maison dont les bords sont devenus tendres, un après-midi brûlé par le soleil qui a laissé place au toucher, une pièce où chacun semble à l'aise pour prendre de la place.






Le contraste entre les deux projets révèle l'ampleur de l'approche d'Ahmad envers la forme masculine. Une collection étudie le corps ; l'autre capture l'atmosphère qui l'entoure. L’une concerne les détails ; l'autre concerne l'humeur.
À propos d’Ahmad Nasser
Né et élevé à Jérusalem, Ahmad Naser est devenu connu pour sa capacité à allier présence émotionnelle et retenue visuelle. Son travail n'est pas une question de performance ; il s'agit d'accéder à la texture, à l'atmosphère, aux petites vérités humaines qui apparaissent lorsque les gens cessent d'essayer d'être parfaits. Qu'il s'agisse de gros plans contrôlés ou de films instantanés impulsifs, Ahmad apporte au cadre une rare sincérité.
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Avec ces 17 Polaroïds, il propose quelque chose de différent : des moments sans surveillance, rapides et chargés du genre d'intimité qui se produit lorsque personne ne pense trop à être photographié. Même le support, un appareil photo Polaroid, évoque un sentiment de nostalgie. Tous ces facteurs s’additionnent, donnant l’impression que la collection n’est qu’un lointain souvenir. Celui que vous ne saviez pas avoir.




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