Mohamed Camara a été suspendu quatre matches par les dirigeants du football français pour son mépris envers une campagne anti-homophobie à l'échelle de la ligue.
Le footballeur monégasque a marqué lors d'une victoire 4-0 contre Nantes lors de la dernière journée de la saison de Ligue 1, le 19 mai. Ce résultat a permis à son club de se qualifier pour la prestigieuse Ligue des Champions de l'UEFA.
Cependant, la décision de Camara ce soir-là de dissimuler le logo de la campagne sur son maillot – il a utilisé du ruban blanc pour dissimuler l'autocollant sur le devant de son maillot – signifie qu'il devra s'absenter au début de la saison prochaine en France.
Camara a comparu par liaison vidéo jeudi soir devant une commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP), convoqué pour s'expliquer.
Le milieu de terrain de 24 ans a également snobé une photo devant une banderole de campagne avant le coup d'envoi contre Nantes, et a noirci un insigne de manche arborant le logo de la Ligue 1 aux couleurs arc-en-ciel de la Fierté.
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Un communiqué de la LFP précise : « Après avoir entendu le joueur Mohamed Camara et pris acte de son refus lors de la séance de mener une ou plusieurs actions de sensibilisation à la lutte contre l'homophobie, la Commission décide de lui imposer une suspension ferme de quatre matches. .»
L'AFP a rapporté la réponse du directeur général de Monaco, Thiago Scuro : « Nous prenons acte de la décision de la Ligue que nous respectons et nous ne ferons pas appel de cette décision. »
La condamnation de l'international malien Camara a été rapide après le match, et pas seulement de la part des groupes luttant contre la discrimination anti-LGBTQ dans le football français, où les incidents de chants homophobes sont fréquents.
67 % des supporters du pays ont déclaré lors d'une récente enquête YouGov que l'homophobie était un problème sérieux dans leur jeu.
La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a appelé à ce que « les sanctions les plus sévères » soient prises contre Camara.
Scuro, qui a téléphoné à la LFP pour s'excuser au nom du club, a insisté sur le fait que le joueur avait pris une « décision indépendante » de masquer les badges sur son maillot.
Scuro a également déclaré : « Mo a des raisons religieuses pour faire ce qu’il a fait. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est un sujet très sensible à aborder car nous devons respecter la religion.
Camara a remporté 24 sélections internationales pour le Mali et a participé aux deux derniers tournois de la Coupe d'Afrique des Nations. La Fédération malienne de football l'a soutenu via une déclaration sur Facebook citant la « liberté d'expression », ajoutant : « Les joueurs sont des citoyens comme les autres dont les droits fondamentaux doivent être protégés en toutes circonstances. »
Plus tôt jeudi, L'Equipe rapportait :
« La sanction pour « propos, gestes et/ou attitudes visant une personne en raison de son orientation sexuelle » peut aller jusqu'à 10 correspondances, mais aucun barème n'est fixé dans ce cas précis. La commission pourrait le sanctionner d'une suspension ou d'une amende. Et la décision dépendra aussi de ce que dit le joueur.
Le journal a également indiqué que Monaco n'avait pas l'intention d'assister Camara lors de l'audience, Scuro insistant sur le fait que le club soutenait les initiatives anti-homophobie de la LFP.
Avant l'audience, plusieurs comptes de football sur X ont tenté de susciter l'engagement sur la situation de Camara, la majorité disant à leurs abonnés que le joueur devait faire l'objet d'une interdiction de 10 matchs.
Un compte comptant au moins 1 million de followers portait cette affirmation avec deux emojis côte à côte – un drapeau arc-en-ciel à côté d’un panneau d’interdiction d’entrée.
C'est un autre exemple de la manière dont certains utilisateurs payant pour utiliser la plateforme de médias sociaux tentent de générer des clics et des vues à partir de publications controversées, ce qui peut générer des revenus. Il y a eu récemment une recrudescence de comptes sportifs faisant cela, souvent avec du contenu lié à l'inclusion LGBTQ.
Par ailleurs, il a été affirmé que le milieu de terrain international algérien Nabil Bentaleb aurait également snobé une photo le 19 mai devant une banderole de campagne anti-homophobie, avant le match nul 2-2 de son équipe de Lille contre Nice.
Des séquences vidéo montrent le joueur de 29 ans, ancien joueur de Tottenham et Schalke, agenouillé derrière ses coéquipiers, semblant réajuster ses lacets.
Les agissements de Bentaleb ont été dénoncés quelques jours après le match par Rouge Direct qui a déclaré : « Il ne semble pas vouloir apparaître sur la photo et refuse lâchement, en se cachant, de s'associer au message : 'Non à l'homophobie' ».
Bonjour Lille @losclive que pensez-vous de l'attitude de votre joueur @nabilbentaleb42 ?
Il semble ne pas souhaiter apparaître sur la photo et refuser lâchement, en se cachant, de s'associer au message : « Non à l'#homophobie« @AOC1978 @LFPfr pic.twitter.com/ty0Yu5SMMx– Rouge Direct (@RougeDirect) 22 mai 2024
Le président du groupe de supporters LGBTQ de l'équipe de France « Bleus et Fiers » a annoncé qu'il envisageait de porter plainte pour « incitation à la haine homophobe » contre Camara, Bentaleb, leurs clubs, la La LFP, mais aussi Mostafa Mohamed et son club, Nantes.
L'international égyptien Mohamed a choisi de ne pas participer aux matches liés à la Journée internationale contre l'homophobie (IDAHOBIT), pour la deuxième année consécutive.
« Il me semble indispensable de porter plainte, ne serait-ce que pour le symbole », a déclaré Jean-Baptiste Montarnier à L'Equipe. « C'est censé être le rôle de la LFP, mais elle ne le fait jamais, même en cas de chants homophobes. »
Nantes aurait infligé une amende à Mohamed et aurait reversé l'argent à une association concernée. Des informations suggèrent qu'ils envisagent de vendre cet été l'attaquant, qui est recherché par des clubs du Qatar, des Émirats arabes unis et d'Arabie saoudite.