Un million de voix se lèvent et cela fait du bruit ! Vendredi 16 mai, une initiative citoyenne européenne a atteint le cap symbolique du million de signatures, réclamant l’interdiction immédiate des thérapies de conversion pour les personnes LGBT+ partout en Europe. Coup de projecteur sur une campagne qui, portée par des artistes, des personnalités politiques et de nombreux anonymes, ose secouer le Vieux Continent… et sa Commission européenne.
Un élan inédit : quand les citoyens bousculent les institutions
Ce n’est pas tous les jours qu’une initiative citoyenne européenne (ICE) franchit la barre du million de signatures. Pourtant, la question mérite amplement ce réveil des consciences. Ce sont bien un million d’Européens qui ont brandi, dans toutes les langues, leur refus catégorique des « thérapies de conversion », ces pratiques aussi farfelues que dangereuses censées « guérir » les personnes LGBT+.
- Séances d’exorcisme, stages mystiques ou électrochocs dignes d’un mauvais film d’horreur : ces méthodes, loin d’être folkloriques, ont causé des séquelles psychologiques et physiques durables, en particulier chez les plus jeunes.
Le déclenchement du million étant acté, la Commission européenne va devoir réagir publiquement à cette pétition, avec, pour la pousser, tout un aréopage de personnalités décidées à vider leur sac.
Célébrités et politiques : la mobilisation prend de la voix
Dans le camp des soutiens, de grands noms apparaissent. Angèle, la chanteuse belge dont l’engagement n’est plus à prouver, déclare : « Il faut interdire les thérapies de conversion partout en Europe ». Souvenons-nous qu’en 2020, elle avait révélé publiquement son couple avec une femme : un geste courageux qui donne du poids à ses mots.
Gabriel Attal, ex-Premier ministre français, aujourd’hui chef de file des députés Renaissance, a lui-même encouragé la signature : « Une pétition courageuse a été lancée pour faire interdire les thérapies de conversion partout en Europe. Il ne reste plus que quelques heures pour la signer », alertait-il le 15 mai. Premier chef de gouvernement français à avoir évoqué publiquement son homosexualité, il sait de quoi il parle.
Et la liste s’allonge : Pierre de Maere, Eddy de Pretto, Marie Papillon et une brochette de responsables politiques français de tous horizons se mobilisent. Même Jean-Luc Mélenchon, leader de la gauche radicale, est de la partie : « Ces pratiques barbares, qui prétendent “guérir” les personnes LGBTQIA+, sont une forme de torture. Il n’y a rien à guérir », a-t-il déclaré sur X.
Un combat encore inachevé dans l’Union européenne
Si l’on espère que ce million donne des idées aux institutions, pour le moment, la réalité reste bien terne. D’après l’association ILGA, seuls huit pays de l’UE ont déjà interdit totalement ces pratiques : la France, la Belgique, Chypre, l’Allemagne, Malte, le Portugal, l’Espagne et la Grèce. Une courte liste pour une communauté aussi vaste.
Matteo Garguilo, étudiant de 21 ans et cerveau de l’initiative, ose croire au changement : « Ça délie les langues », explique-t-il à l’AFP, voyant dans cette campagne un vrai potentiel pour « faire bouger les choses ».
Mais attention, tout ceci relève plus du vœu pieux que du coup de baguette magique : même si la Commission européenne est contrainte de répondre, elle n’est pas tenue de transformer l’initiative en acte juridique. En somme, ce n’est pas « signé, c’est gagné ».
- La commissaire européenne à l’égalité, Hadja Lahbib, a tout de même soutenu l’initiative, parlant de « pratiques honteuses » qui peuvent conduire au pire, y compris au suicide.
- D’ailleurs, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait demandé en septembre l’élaboration d’une stratégie autour de l’égalité des personnes LGBTQI après 2025.
Quand l’engagement collectif pousse à la prise de conscience
Ce million de signatures, c’est déjà un tremblement de terre politique et social. La campagne a mis en lumière des témoignages, a déclenché débats et soutiens puissants. Peut-être que rien n’oblige Bruxelles à légiférer tout de suite. Mais il sera compliqué d’ignorer, désormais, une telle mobilisation – avec ce cortège de voix célèbres ou anonymes, qui rappellent ensemble une évidence : il n’y a rien à « guérir ».
En attendant les répliques institutionnelles, pourquoi ne pas continuer à ouvrir le débat, à « délier les langues », et à soutenir celles et ceux qui, partout en Europe, luttent contre ces pratiques – pour que, très bientôt, leur seul souvenir appartienne à un passé révolu ?