Il y a peu de tropes sportifs plus inspirants que le rêve d’un athlète de représenter son pays aux Jeux olympiques qui se réalise, surtout lorsque ce pays accueille les Jeux.
À l’inverse, lorsqu’un athlète a cette opportunité arrachée par des forces hors de son contrôle, cela doit être l’une des expériences les plus dégonflantes que l’on puisse jamais ressentir.
Alors que Paris 2024 se profile l’année prochaine, ce scénario cauchemardesque se joue pour la sprinteuse transgenre Halba Diouf.
Diouf avait aspiré à courir pour sa France natale devant le public local aux Jeux olympiques de l’année prochaine. Pendant des années, elle s’était concentrée sur l’amélioration de son temps au 200 mètres dans le but de se qualifier pour l’équipe nationale et avait remporté les régionales du 200 mètres à Miramas pas plus tard qu’en janvier dernier.
Puis en un instant, son rêve a été brisé en mars lorsque World Athletics a interdit aux femmes transgenres de concourir dans la catégorie féminine des épreuves d’athlétisme.
Tout d’un coup, tout ce pour quoi Diouf, 21 ans, s’était entraîné n’a servi à rien.
Sa frustration a débordé dans une interview avec Noemie Olive de Reuters. « Je ne peux pas comprendre cette décision car les femmes transgenres ont toujours été autorisées à concourir si leur taux de testostérone était inférieur à un certain seuil », a-t-elle déclaré.
Cette réponse était naturelle de la part d’une athlète de niveau élite qui, depuis sa transition en 2021, avait surveillé de près ses niveaux de testostérone pour s’assurer qu’elle concourait conformément aux règles de World Athletics.
Comme l’a expliqué l’endocrinologue Alain Berliner à Reuters, Diouf « est une femme d’un point de vue physiologique, hormonal et juridique. Ses niveaux de testostérone sont actuellement inférieurs à ceux que l’on trouve en moyenne chez les femmes nées femmes.
Mais une fois que World Athletics a annoncé son interdiction, le soin que Diouf avait mis pour surveiller son niveau de testostérone n’avait plus d’importance. Il était clair que l’instance dirigeante de son sport n’allait pas la laisser rivaliser avec d’autres femmes, peu importe ce qu’elle avait fait auparavant pour se conformer à leurs règles.
« La seule garantie dont disposent les femmes transgenres est leur droit de vivre comme elles le souhaitent et cela nous est refusé. Nous sommes harcelés », a-t-elle proclamé,« je me sens marginalisée parce qu’ils m’excluent des compétitions.
En plus de représenter la communauté transgenre sur la piste, Diouf est également un musulman pratiquant. Si elle avait été autorisée à tenter de se qualifier pour les Jeux olympiques, l’intersectionnalité de son parcours aurait été l’une des histoires les plus uniques et les plus fascinantes des Jeux de Paris.
Grâce à la décision de World Athletics, son histoire est plutôt celle d’une immense frustration et déception.