En mars 2023, le militant conservateur Billboard Chris – dont le nom complet était Chris Elton – a été agressé par une femme trans lors d’un rassemblement pour les droits des trans à Vancouver, au Canada.
Des séquences vidéo montrent Elton approché par la femme alors qu’il semblait manifester pacifiquement contre le rassemblement.
Après un moment, la femme trans a commencé à crier des injures à Elton, qui a gardé son sang-froid tout au long des attaques verbales.
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Les grossièretés augmentèrent en intensité jusqu’à ce que la femme se retrouve face à lui. Elle a ensuite poussé Elton et l’a traîné par ses vêtements. La police s’est précipitée pour désamorcer la situation.
Elton a affirmé que la police n’avait rien fait, ce qui était évidemment faux, et que toute la faute en revenait à la femme qui l’avait agressé. Cependant, les agents présents sur place ont déclaré que les deux parties étaient en faute.
Il est compréhensible que les communautés marginalisées recourent parfois à la violence, mais de telles réponses sont souvent utilisées contre nous, à la fois pour affaiblir nos souffrances et pour rejeter nos appels au changement.
En bref, toute violence que nous infligeons aux conservateurs ne fait qu’attiser la colère brûlante qu’ils ont contre nous, ce qui se traduit par des tentatives encore plus passionnées (et violentes) de nous priver de nos droits.
C’est une nouvelle année, ce qui signifie que nous pouvons nous attendre à des moyens nouveaux et plus créatifs pour que les experts et les militants anti-LGBTQ+ se mobilisent pour les droits des personnes LGBTQ+.
En Floride, cette semaine, les républicains ont présenté un projet de loi visant à faire de l’acte de « toilettage obscène ou lascif » un crime au deuxième degré, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison. Le projet de loi est une tentative à peine voilée de faire du contenu LGBTQ+ un crime, car le « toiletteur » est devenu une insulte visqueuse utilisée par la droite pour faire référence aux personnes LGBTQ+.
Dans l’Ohio, une série de réglementations proposées la première semaine de 2024 pourraient forcer même les adultes trans de l’État à une détransition.
Alors que les personnes trans et leurs défenseurs luttent contre des lois draconiennes comme celles-ci, nous avons en effet été témoins de multiples victoires.
En juin dernier, l’Arkansas est devenu le premier État à voir son interdiction de soins affirmant le genre pour les jeunes transgenres annulée à la suite d’une décision du juge James Moody du district oriental de l’Arkansas.
Le même mois, le juge Thomas Parker du district ouest du Tennessee a entièrement abrogé le SB 3, déclarant inconstitutionnelle l’interdiction de glisser de l’État.
Bien que nos méthodes pour garantir l’égalité des droits pour les personnes LGBTQ+ – qui consistent en des manifestations à la fois pacifiques et chaotiques pour rejeter les projets de loi qui nous étouffent – ont abouti à un certain succès, il est toujours possible de réfléchir à la manière dont le mouvement peut faire mieux – d’autant plus que nos opposants perfectionner constamment leurs propres tactiques.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à Martin Luther King, Jr., dont la philosophie de résistance non-violente est une philosophie sur laquelle tout mouvement pourrait s’appuyer.
La protestation non-violente est une forme de résistance qui cherche à créer un changement social au moyen de la désobéissance civile ou de la non-coopération politique tout en s’abstenant de toute forme de violence.
La philosophie de King sur la non-violence s’inspire des enseignements de Gandhi, qui soulignait l’importance de l’amour et de la non-violence. Il considérait les enseignements de Gandhi comme la méthode idéale pour parvenir à une réforme sociale et il les utilisa lors du boycott des bus de Montgomery en 1955. Il mena le boycott avec des gardes du corps non armés malgré les menaces de mort et il réagit au bombardement de sa maison avec compassion.
« Ne paniquez pas. Ne paniquez pas du tout », a-t-il déclaré à ses partisans. « Ne prenez pas vos armes. Celui qui vit par l’épée mourra par l’épée. Rappelez-vous que c’est ce que Dieu a dit. Nous ne prônons pas la violence. Nous voulons aimer nos ennemis. Je veux que tu aimes nos ennemis. Soyez bon avec eux, aimez-les et faites-leur savoir que vous les aimez.
La philosophie de la non-violence de King reposait sur six principes, qu’il a explicités dans son livre : Un pas vers la liberté.
Premièrement, on peut résister au mal sans recourir à la violence.
Deuxièmement, la non-violence cherche à gagner « l’amitié et la compréhension » de l’adversaire, et non à l’humilier.
Troisièmement, il faut s’opposer au mal lui-même, et non aux personnes qui commettent des actes mauvais.
Quatrièmement, ceux qui s’engagent dans la non-violence doivent être prêts à souffrir sans représailles, car la souffrance elle-même peut être rédemptrice.
Cinquièmement, la résistance non-violente évite également « la violence physique externe » et la « violence spirituelle interne » : « Le résistant non-violent refuse non seulement de tirer sur son adversaire, mais il refuse également de le haïr », a écrit King. Le résistant doit être motivé par l’amour au sens du mot grec. bouche béequi signifie « compréhension » ou « rachat de la bonne volonté pour tous les hommes ».
Sixièmement, le résistant non-violent doit avoir une « foi profonde en l’avenir », née de la conviction que « l’univers est du côté de la justice ».
King croyait que « les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres : seule la lumière peut le faire. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l’amour peut le faire. La beauté de la non-violence est qu’elle cherche à sa manière et au moment opportun à briser la réaction en chaîne du mal.
La façon de penser de King s’appuie également sur des données. Les recherches suggèrent que les manifestations non-violentes ont dix fois plus de succès que les manifestations violentes. Dans son livre, Pourquoi la résistance civile fonctionne : la logique stratégique des conflits non-violents, Erica Chenoweth, professeure à Harvard, explique comment les campagnes de résistance civile recueillent davantage de soutien.
Chenoweth explique : « Les campagnes non-violentes sont en moyenne quatre fois plus importantes que les campagnes violentes moyennes, et sont souvent plus représentatives en termes de sexe, d’âge, de race, de parti politique, de classe sociale et de distinction entre zones urbaines et zones rurales. La résistance civile permet à des personnes de tous niveaux de capacités physiques de participer. Tout le monde est né avec la capacité de résister de manière non-violente. La résistance violente est un peu plus exigeante et donc plus exclusive.»
Même si la non-violence semble être plus efficace, cette forme de protestation présente néanmoins plusieurs inconvénients.
Tout d’abord, les manifestations pacifiques peuvent ne pas recevoir autant d’attention de la part des médias ou des décideurs que les manifestations plus perturbatrices ou violentes, ce qui rend plus difficile pour les manifestants d’obtenir la reconnaissance dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs.
De plus, certaines manifestations pacifiques peuvent provoquer des violences de la part de l’opposition et devenir très dangereuses pour les personnes impliquées.
Des manifestations pacifiques pourraient également ne pas suffire à obtenir le changement souhaité. Cela pourrait être dû à une série de facteurs, tels que le manque de volonté politique, des systèmes de pouvoir bien établis ou la complexité de la question en question.
Ils ne sont également efficaces que si les personnes au pouvoir ont une conscience.
Enfin, à l’instar des manifestations violentes, les manifestations pacifiques peuvent perturber la vie quotidienne de ceux qui vivent ou travaillent dans la zone où se déroule la manifestation. Cela pourrait entraîner de la frustration ou de la colère parmi ceux qui sont gênés, ce qui pourrait saper le soutien à la cause des manifestants.
Parfois, il est logique que les personnes marginalisées et privées de leurs droits soient poussées à la violence dans leurs tentatives de changement, mais en fin de compte, il faudra davantage de violence pour maintenir cette nouvelle influence.
En fin de compte, la raison la plus importante pour choisir la non-violence est que la violence peut effrayer les alliés actuels et potentiels.
En outre, les préjugés des conservateurs pourraient être justifiés par la présence de violence lors de ces manifestations, ce qui les inciterait à attaquer ceux qui sont différents d’eux, ne laissant aucune place à une compréhension et à une acceptation potentielles.
Malgré les inconvénients des manifestations non-violentes, il est plus logique de choisir la voie de la non-violence. La paix favorise la conversation, qui favorise l’empathie, qui apporte du soutien. Et plus nous bénéficions de soutien, plus notre voix collective devient forte. Plus cette voix devient forte, plus il est difficile pour notre adversaire de nous ignorer.
En juin 2020, une marche silencieuse pour les vies trans noires a eu lieu à Brooklyn, New York. Environ 15 000 personnes y ont participé, et le New York Times l’a décrit comme « l’une des manifestations les plus frappantes que New York ait connue depuis le meurtre de [George] Floyd, un rassemblement de milliers de personnes dans une mer de blanc. Sa taille et son intensité ont stupéfié les spectateurs, les participants et les organisateurs eux-mêmes.
L’organisateur Eliel Cruz a déclaré que la marche montrait que « la violence qui affecte les femmes trans noires et les personnes trans noires reçoit enfin l’attention qu’elle mérite ».
Et la militante Raquel Willis, qui a pris la parole lors du rassemblement, a déclaré que le succès des organisateurs dans la planification de la marche représentait une « nouvelle version plus grandiose » du pouvoir de la communauté queer.
« C’était comme si nous étions entrés dans une nouvelle ère », a-t-elle déclaré.
La marche est un excellent exemple de la puissance des manifestations pacifiques et de l’immense impact qu’elles peuvent générer. King le savait, et maintenant nous devons suivre ses traces.
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