New York (AFP) – Le paiement massif de Fox News pour régler une affaire de diffamation ne met pas fin à ses déboires juridiques, le réseau faisant face à d’autres poursuites et à l’action d’actionnaires pour sa diffusion de théories du complot électoral.
Le géant de l’information a accepté mardi de payer 787,5 millions de dollars à la société de technologie de vote Dominion, qui a poursuivi la chaîne pour avoir diffusé de fausses allégations selon lesquelles ses machines auraient été utilisées pour voler le scrutin présidentiel de 2020 à Donald Trump.
Le réseau de droite fait toujours face à un procès de 2,7 milliards de dollars d’une autre société de vote électronique – Smartmatic – qui prétend que Fox News a diffusé des mensonges qui ont « décimé » ses perspectives commerciales.
« Le litige de Dominion a révélé une partie de l’inconduite et des dommages causés par la campagne de désinformation de Fox. Smartmatic exposera le reste », a promis l’avocat de Smartmatic, J. Erik Connolly, dans un communiqué.
Il a ajouté que l’entreprise était « engagée à laver son nom, à récupérer les dommages importants causés à l’entreprise et à tenir Fox pour responsable de l’atteinte à la démocratie ».
L’accord de mardi, annoncé après la sélection du jury et juste avant le début des plaidoiries, a été réglé pour environ la moitié des 1,6 milliard de dollars initialement demandés par Dominion.
Cela a évité un procès très médiatisé qui aurait vu un défilé de personnalités de la Fox, dont le propriétaire Rupert Murdoch et le présentateur vedette Tucker Carlson, contraints de témoigner.
Fox News, qui a fait valoir qu’il était protégé par les droits de liberté d’expression du premier amendement, a reconnu dans un communiqué une décision antérieure du juge président selon laquelle le réseau conservateur avait diffusé de fausses déclarations.
Mais les médias américains ont rapporté que les ancres de la chaîne n’auront ni à admettre ni à s’excuser à l’antenne pour avoir répandu les mensonges – des commentaires qui irriteraient probablement ses fidèles téléspectateurs.
Au cœur du procès allait être de savoir si Fox News avait diffusé les mensonges tout en sachant qu’ils étaient faux.
Pour gagner, Dominion aurait dû prouver sa « véritable malveillance » – que Fox savait que l’information était fausse ou avait un « mépris téméraire » pour la vérité.
La barre haute est un fondement de la loi américaine sur les médias depuis 1964.
« Le gros point à retenir est que la loi sous-jacente n’a pas changé », a déclaré à l’AFP William Banks, professeur de droit à Syracuse.
« Donc, bien qu’il puisse y avoir des plaignants enhardis, ils ont toujours une lourde charge de la preuve », a-t-il ajouté.
Smartmatic a poursuivi Fox News devant un tribunal de l’État de New York en février 2021, alléguant que le réseau avait sciemment diffusé plus de 100 fausses déclarations selon lesquelles sa technologie avait été utilisée pour truquer les votes pour Joe Biden.
Un porte-parole de Fox News n’a pas répondu à une demande de commentaire, mais le réseau a nié les allégations dans des déclarations précédentes.
La plainte de Smartmatic cite des commentaires de l’ancien avocat de Trump, Rudy Giuliani, ainsi que de présentateurs, dont Lou Dobbs et Jeanine Pirro.
En février de cette année, une cour d’appel de New York a rejeté la demande de Fox News de classer l’affaire. Une date d’essai n’a pas encore été définie.
Le mois dernier, un producteur de Fox News a déposé deux poursuites contre le réseau, alléguant que ses avocats l’avaient forcée à donner un faux témoignage dans l’affaire Dominion et invoquant un « environnement de travail hostile ».
Fox ferait également face à des réclamations distinctes d’actionnaires l’accusant d’avoir enfreint ses obligations fiduciaires liées à sa couverture des réclamations de Trump.
Une plainte a déjà été déposée devant un tribunal de la chancellerie, a rapporté le Financial Times.
Murdoch a admis dans une déposition dans l’affaire Dominion que certains animateurs à l’antenne avaient « approuvé » le mensonge de Trump, mais il a nié que le réseau dans son intégralité l’ait poussé, selon des documents judiciaires déposés par Dominion.