Par Philippe Pullella
CITÉ DU VATICAN (Reuters) – Le Vatican a dévoilé mardi un comité chargé de superviser l’éthique de ses investissements, alors même qu’un procès pour corruption lié à une transaction immobilière bâclée à Londres dans laquelle il a perdu plus de 200 millions d’euros se poursuit.
Le comité sera dirigé par un cardinal, l’irlando-américain Kevin Joseph Farrell, qui est basé au Vatican, mais comprendra quatre experts financiers laïcs extérieurs, selon un communiqué.
Ce sont Jean Pierre Casey de RegHedge Investments en Grande-Bretagne, Giovanni Christian Michael Gay de Union Investment
Privatfonds GmbH en Allemagne, David Harris de Skagen Funds en Norvège et John J. Zona, responsable des investissements au Boston College, une université catholique aux États-Unis.
La création d’un comité d’éthique de l’investissement a été stipulée dans la nouvelle constitution du Vatican, Praedicate Evangelium (Prêchez l’Évangile), que le pape François a publiée en mars et qui est entrée en vigueur il y a deux jours.
La constitution a chargé le comité de garantir que les investissements du Vatican seraient appropriés, éthiques et pas trop risqués. Les nouveaux membres ont un mandat de cinq ans.
Le Vatican a annoncé le comité alors que la 21e audience d’un important procès pour corruption était en cours et que l’un de ses principaux accusés, le courtier italien Raffaele Mincione, était interrogé pour une deuxième journée consécutive. Le procès a débuté en juillet dernier.
L’aventure immobilière au centre du procès a débuté en 2014, lorsque la secrétairerie d’État du Vatican a investi 350 millions d’euros (390 millions de dollars) auprès de Mincione pour acheter un immeuble dans un quartier huppé de Londres.
En 2018, le Vatican s’est senti escroqué par Mincione, selon l’acte d’accusation, et s’est tourné vers un autre courtier, Gianluigi Torzi, pour se retirer du premier accord.
Mais les procureurs du Vatican accusent Torzi de duper le Vatican et d’essayer de prendre le contrôle du bâtiment en s’attribuant les actions avec droit de vote. Le Vatican a ensuite donné à Torzi 15 millions d’euros pour se retirer de l’accord avec lui.
Mincione, Torzi et les huit autres accusés au procès, dont le cardinal Angelo Becciu, un ancien haut fonctionnaire du Vatican, nient tout acte répréhensible.
Ils font face à des accusations d’extorsion, d’abus de pouvoir, de fraude et de blanchiment d’argent.
En janvier dernier, le Vatican a signé un contrat de vente du bâtiment, abandonnant définitivement une entreprise qui, selon le tribunal, a entraîné une perte de 217 millions d’euros.
(Reportage par Philip Pullella; Montage par Alex Richardson)