« Le communautarisme gay m’exaspère » : la déclaration qui embrase la nomination de Sébastien Lecornu
Difficile d’imaginer prise de fonction plus mouvementée ! À peine Emmanuel Macron l’a-t-il propulsé à Matignon que Sébastien Lecornu se retrouve dans l’œil du cyclone. La faute à des déclarations passées qui ressurgissent tel un boomerang un peu trop affûté. Le nouveau Premier ministre s’exprime aujourd’hui avec mesure, mais c’est surtout ce qu’il a affirmé voilà plus de dix ans qui affole ses détracteurs. Plongée dans une controverse en mode rétroviseur… et écrans de fumée.
Des propos de 2012 qui font scandale
Ce sont des mots griffonnés en novembre 2012 qui mettent le feu aux poudres. À l’époque, Sébastien Lecornu est candidat « Générations Vernon, UMP » à Vernon (Eure) et se montre très réservé sur l’avenir du mariage pour tous. Interrogé par « Vernon Politique », il estime que le texte « mélange trop de choses pour que le débat soit serein ». Mais il va beaucoup plus loin en affirmant : « Le communautarisme gay m’exaspère autant que l’homophobie », précisant sa vision traditionnelle de la famille : « Le mariage est dans nos sociétés la base de la construction de la famille. Et une famille se construit entre un homme et une femme. »
En juin 2015, rebelote : il campe sur ses positions dans Le Démocrate Vernonnais. Il y confie avoir « des convictions très arrêtées » et se dire « hostile à la GPA, la PMA mais je n’ai pas manifesté ». De quoi alimenter les critiques de celles et ceux qui plaident pour davantage de droits pour les couples de même sexe et appellent à en finir avec ce qu’ils perçoivent comme de l’immobilisme, voire de l’opposition franche.
Polémique, réactions… et évolution?
Dans la foulée de sa nomination à Matignon, la première salve s’abat. Sur Franceinfo, Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes, charge : « Les écologistes avaient une condition pour examiner l’éventualité d’entrer dans un gouvernement, c’était que le Premier ministre soit de gauche ou écologiste. Monsieur Lecornu n’étant ni l’un ni l’autre mais étant par ailleurs homophobe […] on ne va pas perdre notre temps. » Boulets rouges, ambiance garantie !
Réaction en chaîne garantie également chez plusieurs députés de La France Insoumise, notamment Alma Dufour (Seine-Maritime) et Andy Kerbrat (Loire-Atlantique), ainsi que dans la communauté LGBT, où le rappel de ces convictions ne passe pas. Le monde associatif et militant, souvent prompt à dégainer sur ces sujets sensibles, s’indigne et relance le débat sur l’inclusivité, ou l’absence de celle-ci, à l’heure des nominations gouvernementales.
Mais Sébastien Lecornu assure avoir « cheminé » depuis cette époque. Ministre chargé des collectivités territoriales en 2019, il expliquait sur Franceinfo : « Les sujets bioéthiques sont difficiles. J’ai beaucoup évolué, notamment grâce aux clés de lecture et de compréhension que j’ai reçues. » Bref, il aurait mis de l’eau dans son vin (ou du jus d’orange, c’est selon).
Un refrain connu lors des nominations gouvernementales
Ce n’est franchement pas la première fois que le passé d’un Premier ministre fraîchement nommé provoque la tempête. En 2022 déjà, la désignation de Michel Barnier à Matignon avait semé le trouble dans les mêmes sphères : colère des associations LGBT, qui dénonçaient alors, là aussi, l’opposition passée du nouveau chef du gouvernement au mariage pour tous.
La question des droits LGBT, et plus largement de la vision de la famille et du rôle de l’État dans les choix personnels, revient ainsi avec une régularité de métronome à chaque remaniement ou nomination. Rien de très original, en somme, mais toujours efficace pour déclencher débats et passions.
L’opinion publique divisée
- Pour certains, il y aura « toujours eu des homosexuels et c’est ainsi. Dans la vie, le tout c’est d’être heureux. »
- D’autres se disent dérangés par « leurs revendications et leurs manifestations », estimant que les hétérosexuels « ne le clament pas haut et fort ».
- On retrouve aussi ceux qui aimeraient « cesser d’en parler aux enfants, ainsi que dans les écoles », prônant discrétion et libre choix individuel.
- Et puis, bien sûr, les éternels agacés de la classe politique toutes couleurs confondues : « Entre cette femme et la Rousseau les écolos nous pourrissent la vie. C’est pareil avec les Bobos de gauche. À quand un discours ou une phrase intelligente ? »
Autant de positions, parfois tranchées, qui illustrent à merveille la persistance du clivage. Chacun y va de son commentaire, souvent avec passion, parfois avec lassitude, sur ce vieux débat qui refuse décidément de s’épuiser.
Conclusion : La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon aura donc permis (encore une fois !) de rouvrir la boîte de Pandore du débat sur la famille, le mariage pour tous et la place de la communauté LGBT dans la société française. L’occasion de se rappeler que les vieilles déclarations ne meurent jamais vraiment et que, visiblement, chaque nouveau gouvernement doit passer par sa polémique « société ». En attendant le prochain épisode (et peut-être un brin d’apaisement ?), chacun campe sur ses positions. Comme quoi, en politique comme en amour, les vieilles rancunes sont tenaces !