Pendant longtemps, le plaisir masculin est resté un sujet quasi invisible. On en rigole entre potes, on le mentionne vite fait, mais on ne l’aborde jamais sérieusement. Les sextoys pour femmes, eux, sont déjà bien intégrés : on en parle, on les offre, ils font partie des routines bien-être. Par contre, dès qu’on prononce “vaginette”, la conversation se coupe net. Malaise.
Moi aussi, j’avais des a priori. Je voyais ça comme un truc en plastique un peu cheap, planqué dans un tiroir, qu’on sort en cachette. Mais ma curiosité a pris le dessus. Je voulais savoir si c’était juste un cliché, ou si ça pouvait vraiment apporter quelque chose.
Après quelques recherches, j’ai trouvé des modèles sobres, avec des matières douces au toucher, faciles à nettoyer. Rien à voir avec ce que j’imaginais. Alors j’en ai commandé une, sans trop d’attentes, juste pour tester.
L’expérience
La première chose qui m’a frappé, c’est la différence de sensation. Ce n’est ni mieux ni moins bien que la masturbation classique, c’est juste… autre chose. Plus enveloppant, plus fluide. Ça t’oblige à ralentir, à te concentrer sur ce que tu ressens. Et franchement, dans un monde où tout va trop vite, c’est un vrai plus.
Ça permet de casser la routine, de sortir du mode automatique. Au lieu d’un shoot rapide, ça devient un moment de plaisir plus conscient, plus posé.
Au-delà du tabou
Le vrai problème, ce n’est pas l’objet en soi, c’est la honte qu’il traîne encore. Comme si l’utiliser voulait forcément dire qu’on est seul ou désespéré. Alors que ça n’a aucun sens. Une femme qui utilise un suceur n’est pas jugée — pourquoi nous, si ?
Le plaisir masculin reste coincé dans des vieux schémas : ça doit être “viril”, rapide, sans émotion. Dès qu’on sort de ce cadre, c’est vu comme bizarre. Et franchement, ça nous freine pour rien.
Utiliser une vaginette, ce n’est ni triste ni honteux. C’est juste une façon différente d’explorer son corps. De changer un peu. D’apprendre à se connaître. Et si t’es en couple, ça peut même s’intégrer dans les jeux à deux. Ça ne remplace rien, ça ajoute.
Et les chiffres, alors ?
Pendant des années, on a cru que les sextoys, c’était “pour les filles”. Mais les derniers chiffres disent autre chose. D’après une étude IFOP de 2023, 50 % des hommes français ont déjà utilisé un sextoy au moins une fois dans leur vie — contre seulement 16 % en 2009. Une vraie évolution des mentalités, et une preuve que le plaisir masculin est de plus en plus assumé, sans honte ni tabou.
Dans cette même enquête, on apprend que les masturbateurs masculins — comme les vaginettes — sont parmi les sextoys les plus utilisés chez les hommes. Plus d’un tiers des moins de 35 ans ont déjà testé une gaine de plaisir ou un modèle anatomique. Et le chiffre est intéressant : plus de 60 % d’entre eux seraient prêts à réutiliser, ou considèrent que c’est une vraie plus-value pour la masturbation.
Côté marques, Fleshlight, un des leaders du marché, a vendu plus de 500 000 unités rien qu’en Europe en 2023. Et la France fait partie du top 3 des pays acheteurs, juste après l’Allemagne et le Royaume-Uni. Même sur les plateformes e-commerce françaises, les recherches autour du mot “vaginette” ont bondi de 40 % en deux ans.
Ce sextoy ne m’a pas changé la vie. Mais il a clairement changé ma façon de voir le plaisir masculin. J’ai compris qu’il n’y a pas qu’une seule “bonne” manière de se faire du bien. Et qu’il n’y a rien de honteux à tester, à prendre soin de soi, à sortir de la routine. Bien au contraire.
Alors si toi aussi t’as déjà eu cette petite curiosité, vas-y. Franchement, t’as rien à perdre. Et peut-être beaucoup à gagner. Et surtout : arrêtons de juger comment chacun vit son plaisir. Tant que c’est dans le respect et dans la liberté, tout est OK.