Paris (AFP) – Le mastodonte de la mode revient à Paris cette semaine, Saint Laurent rejoignant la gamme et la mode masculine sur une lancée, même si l’industrie reste méfiante face aux vents contraires économiques.
Le monde changeant de la mode masculine est évident sur les tapis rouges du monde entier, où Timothee Chalamet et Harry Styles ont contribué à redéfinir le style masculin, abandonnant les smokings monochromes au profit de tenues audacieuses et de couleurs vives.
Pas plus tard que la semaine dernière, Vogue a déclaré que « la nuit appartenait à la mode masculine » aux Golden Globes, et les magasins enregistrent depuis des mois une croissance sans précédent dans le secteur.
Alors le buzz est assourdissant autour des défilés masculins qui débarquent à Paris à partir de mardi, dopés par le retour de deux grosses pointures à Saint Laurent mardi en ouverture, et la Maison Margiela de John Galliano qui clôturera la semaine dimanche prochain.
Saint Laurent n’a pas présenté de défilé masculin dans le calendrier officiel depuis que le créateur belge Anthony Vaccarello a pris les rênes en 2016, préférant les apparitions ponctuelles dans des lieux exotiques comme Marrakech et Venise.
À Milan la semaine dernière – où les défilés de mode ne sont même pas terminés alors que la caravane de l’industrie décampe pour Paris – la discussion était de savoir qui succéderait au flamboyant directeur créatif Alessandro Michele chez Gucci après son récent départ surprise.
A Paris, la grande question sans réponse est de savoir qui prendra la relève chez Louis Vuitton suite au décès prématuré de Virgil Abloh en novembre 2021.
Le label a fait parler les fashionistas en annonçant que le spectacle de jeudi était géré par le prodige Colm Dillane, l’homme derrière le jeune label chaud de Brooklyn KidSuper – avec un film d’accompagnement tourné par le réalisateur français Michel Gondry.
Alors que beaucoup s’inquiètent de l’impact d’éventuelles récessions, du durcissement des réglementations environnementales et des coûts inflationnistes, la mode masculine est considérée comme un point positif.
« Saint Laurent, Gucci et Givenchy marchent presque mieux chez les hommes que chez les femmes en ce moment », a déclaré Alice Feillard, directrice des achats des grands magasins parisiens Galeries Lafayette.
« Nous assistons à cette croissance exponentielle depuis deux ou trois ans… Ça décolle vraiment », a-t-elle ajouté.
Même les sous-vêtements masculins gagnent du terrain sur le marché féminin.
Les sous-vêtements masculins ont augmenté de 3,3% au cours des 10 premiers mois de 2022 à 400 millions d’euros (435 millions de dollars), contre une croissance de 2,5% de la lingerie féminine (à 1,5 million d’euros toujours dominants), selon les chiffres du Salon International de la Lingerie, qui se tient à Paris ce mois-ci.
« La mode masculine a beaucoup évolué ces dernières années », a déclaré l’expert du luxe Serge Carreira de l’université de Sciences Po.
« Elle a créé un nouveau champ majeur d’expression, d’innovation et de recherche pour les maisons.
Givenchy a notamment abandonné la haute couture et s’est lancé dans l’homme après l’arrivée en 2020 du designer américain Matthew Williams, connu pour son streetwear de luxe.
Ils organisent leur défilé mercredi, avec le principal rival Dior qui se pavane vendredi.
Un nom qui revient souvent comme successeur possible chez Louis Vuitton est Grace Wales Bonner, qui présente son propre spectacle mardi.
Elle fait partie d’une tendance croissante de femmes créatrices qui se concentrent sur l’habillage des hommes, avec sa compatriote britannique, Bianca Saunders.
Il y a aussi de l’enthousiasme pour le retour de la designer américaine primée Emily Bode, connue pour utiliser des matériaux recyclés, qui est restée loin de Paris pendant la pandémie.