L’édition 2025 du Festival international du film de Venise tenue du 27 août au 6 septembre a confirmé un statut de vitrine du cinéma mondial, tout autant pour les œuvres d’auteur que pour les grandes productions. Sous la présidence artistique d’Alberto Barbera, l’événement a su conjuguer tradition et audace en présentant entre autres une sélection franco-canadienne remarquée ainsi des hommages significatifs.
Une ouverture marquée par Sorrentino
Le festival a démarré avec la projection officielle de La Grazia de Paolo Sorrentino, porté par l’interprétation magistrale de Toni Servillo. Centré sur un chef d’État italien en fin de mandat et confronté à des dilemmes moraux (l’octroi d’une grâce et le débat sur l’euthanasie) le film a donné le ton d’une Mostra tournée vers les grandes questions éthiques et politiques de notre époque. La cérémonie d’ouverture sur le Lido a rassemblé des stars du cinéma international (Julia Roberts, Idris Elba, etc.) et de jeunes auteurs émergents. Les premières journées ont aussi été animées par une concurrence serrée dans la section principale, Venezia 82 – In Concorso.
Les monstres au cœur de la Mostra
Le très attendu Frankenstein de Guillermo del Toro, adaptation du roman de Mary Shelley, fut aussi l’un des temps forts. Présenté en avant-première mondiale, il réunit un casting prestigieux : Oscar Isaac dans le rôle de Victor Frankenstein, Jacob Elordi dans celui de la créature, et d’autres noms notables comme Christoph Waltz ou Mia Goth. La production investit largement dans les effets visuels, le design et la scénographie, pour revisiter le mythe du monstre, non comme simple objet de peur, mais comme miroir des angoisses contemporaines.
D’ailleurs, le fil conducteur retenu distille explicitement l’idée que les monstres ne sont pas seulement des créatures fantastiques, mais aussi des figures symboliques (dictateurs, horreurs sociales, blessures historiques, etc.). À la fois littéral et métaphorique, le monstre est devenu un motif transversal : on le retrouve dans les films de genre, les drames politiques, le cinéma d’auteur, mais aussi dans d’autres univers, comme les jeux de machine à sous en ligne thématisés autour de créatures mythiques.
La coopération franco-canadienne à l’honneur
La coopération franco-canadienne transparait dans plusieurs œuvres, tant au niveau de la production que de la distribution. Un des exemples les plus saillants est Stereo Girls (Les Immortelles) qui a été réalisé par Caroline Deruas Peano et qui figure dans la Critics’ Week. Le film suit Charlotte et Liza, deux inséparables adolescentes de 17 ans dans le Sud de la France des années 90, et dont la vie bascule après une tragédie. Il s’agit d’un récit de passage à l’âge adulte, de rêves partagés, et de contexte sociopolitique où la montée de l’extrême droite commence à se faire sentir. Stereo Girls est porté par un casting fort, comprenant Lena Garrel, Louiza Aura et Emmanuelle Béart.
Parallèlement à la compétition officielle, le festival a déroulé ses sections annexes, à savoir Venezia Classici, Orizzonti, Critics’ Week, et Biennale College Cinema. La section Orizzonti a présenté des œuvres qui explorent les formes innovantes du cinéma, tant du point de vue narratif que technologique. C’est là que les jeunes cinéastes parfois issus de coproductions franco-canadiennes ont pu proposer des récits singuliers, des expérimentations visuelles, et des sujets de société contemporains. Venezia Classici a rendu hommage au patrimoine cinématographique en projetant des restaurations de films majeurs, accompagnées de débats sur la conservation, la restauration et la transmission de la mémoire visuelle du cinéma.
Palmarès et bilan d’une édition mémorable
La cérémonie de remise des prix a consacré Lion d’or Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch. Construit en triptyque et porté par un casting international de premier plan, le film explore les liens complexes entre générations La clôture a aussi été l’occasion d’un bilan : succès critiques, découvertes, programmations pour d’autres festivals comme Cannes, le public vénitien et les cinéphiles du monde entier ont retenu des images fortes.
Plusieurs événements et conférences ont aussi ponctué la Mostra, notamment des masterclasses, des tables rondes et des séances de questions-réponses. Ces moments d’échange ont permis aux réalisateurs, aux producteurs, aux comédiens et aux critiques de dialoguer sur le métier, les défis (le financement, la distribution, la censure, l’innovation numérique, etc.), mais aussi sur la place du cinéma dans les mondes en mutation (géopolitiques, environnementaux, technologiques, etc.).
Par ailleurs, les professionnels ont pu conclure des accords de co-production, des partenariats de distribution et découvrir de nouveaux talents. Les cinéastes indépendants ont profité des structures de soutien présentées pour mettre en valeur leurs projets futurs, négocier des financements ou trouver des distributeurs. Le festival a donc aussi fonctionné comme un marché du cinéma.
Le festival Mostra de Venise 2025 a ainsi été un moment d’émotion, de reconnaissance mutuelle entre jury, réalisateurs et équipes de production, symbole de ce que le cinéma peut offrir de plus humain et de plus artistique.
