Après avoir survécu à une leucémie et à neuf ans d’hôpital, Sergi pensait enfin voir le bout du tunnel… Erreur ! Car en Catalogne, les administrations ont parfois plus d’un tour dans leur sac pour transformer une guérison en cauchemar. Voici l’histoire d’un jeune rescapé que la bureaucratie menace soudain d’asphyxier – comme une soixantaine d’autres familles dans son cas.
Un combat de neuf ans… et un nouveau coup dur
Sergi, ce nom ne sonne pas encore à l’oreille de tous, mais, depuis l’âge de cinq ans, il est familier des couloirs de l’hôpital de Barcelone. À force d’analyses, de chimiothérapies et de batailles incessantes contre la leucémie, il a laissé une bonne partie de son enfance sur le carreau, troquant les bancs de l’école contre ceux de l’hôpital. Enfin, après neuf longues années, la maladie semble s’éloigner, laissant place à un espoir : celui de reprendre une vie normale.
Mais voilà que la réalité administrative frappe, sans prévenir : un courrier officiel arrive un jour, revendiquant – sans détour ni compassion – la jolie somme de 5 000 euros pour des « aides indûment perçues ». L’annonce tombe comme un couperet sur Sergi et sa mère Mar, qui avaient déjà eu leur dose d’épreuves.
L’administration, ce labyrinthe moderne
Mar, mère courage et pilier du foyer, a élevé seule son fils tout en jonglant avec les frais liés à la maladie, que la Sécurité sociale espagnole laisse bien volontiers à la charge des familles :
- Compléments alimentaires et vitamines
- Déplacements incessants à l’hôpital
- Stationnement qui finit toujours par chiffrer
En 2016, une assistante sociale lance une bouée de sauvetage : une aide mensuelle de 263 euros, censée adoucir un peu la tempête. Pour Mar et Sergi, c’est comme une bouffée d’oxygène au bon moment, leur permettant d’aborder la suite du traitement avec moins d’angoisse financière.
Le hic ? En mai 2025, la Generalitat (gouvernement catalan) envoie une lettre recommandée – avec un an de retard et, cerise sur le gâteau, à la mauvaise adresse. Le temps passe, et les intérêts de retard s’accumulent. Entre-temps, on réclame à Sergi, encore mineur, cette fameuse somme pour « paiement indu ».
Un engrenage qui broie, des familles sur le fil
Stupéfaite, Mar tente de comprendre la situation en se rendant dans les services fiscaux. La nouvelle tombe : sans paiement de la somme, son fils débutera peut-être sa vie adulte avec une dette, et risquera même la saisie de ses comptes bancaires dès son premier emploi.
Et ce n’est pas un cas isolé ! À l’autre bout du fil, le Síndic de Greuges (défenseur des droits local) lui révèle que plus d’une soixantaine de familles subissent la même injustice. Toutes plongées dans la même galère bureaucratique, suite à… une erreur de calcul remontant à plus de dix ans.
Que s’est-il passé ? En 2012, une réforme du mode de calcul des aides sociales est restée lettre morte. Résultat grotesque, mais bien réel : des dizaines de foyers continuent de percevoir des montants erronés, sans jamais être prévenus du souci administratif. Aujourd’hui, la Generalitat réclame la différence ; pour certains, l’addition grimpe jusqu’à 25 000 euros. Bonjour l’angoisse !
Un sursaut in extremis (et collectif)
Le bruit monte, la colère enfle. Le Síndic de Greuges se mobilise et interpelle la Generalitat : il faut, purement et simplement, annuler ces dettes. Face à la fronde, la pression finit par payer. Le 30 septembre dernier, un décret est publié : il précise que les « paiements indus » ne seront plus réclamés aux familles concernées. Reste à espérer que les rouages administratifs suivent, pour que ces familles puissent, enfin, souffler un peu et tourner la page d’un énième combat inutile.
Moralité ? Laissons les rescapés vivre leur deuxième chance en paix, et surveillons nos propres paperasses : après tout, nul n’est à l’abri d’un coup de tampon malheureux…
