Bayrou, prophète fiscal incompris ? Voilà une question qui, à défaut de relancer la croissance, anime volontiers les plateaux télé et suscite l’éveil de quelques neurones en mal de solutions héroïques. Entre stagnation économique, dettes abyssales et débats enfiévrés, la solution choc visant les ultra-riches refait surface, et certains finissent par se dire que… peut-être bien que Bayrou avait raison.
Une économie française sous tension
L’horizon économique n’a rien d’un ciel sans nuages. Succession de crises mondiales (de la pandémie à la guerre en Ukraine, en passant par une inflation corsée), incapacité à retrouver son ancien souffle, croissance du PIB en mode escargot à 0,6 %… C’est le tableau, pas vraiment reluisant, que dresse la situation française. Pour compléter la panoplie : une consommation qui faiblit, des investisseurs timorés, un commerce extérieur qui tousse et – bouquet final – une dette publique qui s’alourdit, menaçant carrément la stabilité financière du pays. Rien que ça.
Dans ce contexte, l’ancien Premier ministre François Bayrou s’était mis en tête de redresser la barre. Son programme ? Faire de 2026 l’année où on carbure… à l’économie !
Le plan Bayrou : économies, efforts et « année blanche »
Pour remettre l’économie nationale dans le droit chemin, François Bayrou ne voulait pas faire dans la demi-mesure. Son plan prévoyait un effort collectif d’économies de 43,8 milliards d’euros pour l’année 2026, assorti d’un gel des dépenses publiques. Stratégie de choc : tout le monde serre la ceinture, sauf l’armée et le service de la dette.
Cette fameuse « année blanche » visait à stopper net la flambée des dépenses publiques… sans s’attaquer pour autant aux prestations sociales ou aux retraites. Ambition ? Oui. Audace ? Aussi. Allait-il jusqu’à casser deux jours fériés ? Absolument. Sacrifier la sieste du 8 mai ? On s’arrête là, mais vous voyez l’idée.
Parmi les mesures phares, la suppression de l’abattement fiscal pour les retraités gagnant plus de 20 000 euros de pension annuelle :
- Un effort demandé à ceux qui sont « au plafond » (4 000 euros de retraite mensuelle) – jugé modeste par l’intéressé lui-même.
- Un gain direct pour les retraités du bas de l’échelle : l’évolution devait leur rapporter quelques centaines d’euros.
De quoi, selon Bayrou, réparer en partie l’injustice fiscale et conforter les plus modestes.
L’impôt sur les ultra-riches : un débat qui ne meurt jamais
Dans la boîte à outils de l’ancien Premier ministre figurait aussi l’idée de ponctionner un peu plus généreusement les ultra-riches. Mais, comme souvent en France, la mesure a divisé :
- Certains y voient un simple « joli symbole », un acte qui « fera plaisir à certains », mais qui, selon un téléspectateur, ne devrait pas suffire à « relancer l’économie » – au contraire, ose-t-il même.
- D’autres, comme le journaliste Périco Légasse sur le plateau d’Estelle midi, soutiennent mordicus que Bayrou était sur la bonne voie. « On finira par se rendre compte qu’il avait raison sur toute la ligne ! », lance-t-il. On ne fait pas plus direct.
Légasse va jusqu’à comparer Bayrou à Mendès France : des hommes trop francs, sortis du jeu politique pour avoir « dit le réel ». Leur franchise aurait été leur tort.
« Année blanche », fiscalité et frilosité politique
Une « année blanche fiscale » revient également dans le débat, idée rabâchée depuis plus de quinze ans, toujours aussi controversée qu’inappliquée. Périco Légasse insiste sur la nécessité de repenser la fiscalité française pour plus de justice, tout en déplorant que ce ne soit pas à l’ordre du jour. Et il vise directe : « M. Lecornu n’a aucune envie de repenser la fiscalité. Il veut juste le vote des 67 députés socialistes pour durer à Matignon ». Ambiance détendue, donc.
En somme, la solution choc des ultra-riches, la « cure Bayrou », revient comme un refrain entêtant. Face à des finances malades et des projets politiques vite avortés, beaucoup se surprennent à rêver, ou à redouter, le grand remède de la franchise budgétaire. Un conseil ? Restez prêts à débattre : la France, elle, n’a pas fini de compter ses sous ni de compter sur ceux qui en ont beaucoup…
