Le réseau One American News (OAN) est tellement à droite qu’il fait ressembler Fox News à la BBC. Jusqu’à récemment, l’histoire était que Robert Herring Jr., un homme d’affaires autodidacte et directeur général d’OAN, avait décidé de lancer le réseau en 2013 pour diffuser ses propres opinions extrêmes. Mais un Reuters rapport spécial a révélé que l’idée n’était pas celle de Herring.
OAN doit son existence à AT&T.
Connexes : Vous vous souvenez quand l’aile droite soutenait les flics et peut-être même un peu de brutalité policière ?
Le géant des médias, qui possède WarnerMedia et ses filiales CNN et HBO (pour l’instant), a en fait évoqué l’idée avec Herring, selon des documents Reuters découvert.
« Ils nous ont dit qu’ils voulaient un réseau conservateur », a déclaré Herring lors d’une déposition en 2019. « Ils n’en avaient qu’un, c’était Fox News, et ils en avaient sept autres de l’autre [leftwing] côté. Quand ils ont dit ça, j’ai sauté dessus et j’en ai construit un.
Depuis lors, AT&T est le sauveur financier d’OAN. Reuters rapporte que dans un témoignage sous serment, un comptable d’OAN a attribué quatre-vingt-dix pour cent des revenus d’OAN à un contrat avec des plateformes de télévision appartenant à AT&T.
Dans un communiqué, AT&T a affirmé qu’il n’avait jamais aidé à « financer » OAN et n’avait aucun intérêt financier dans son succès. Cela n’a jamais été nécessaire – leurs contrats avec OAN ont fait tout le travail. De son propre chef, OAN n’aurait pratiquement aucune valeur sans ses accords avec AT&T, d’après les rapports de Reuters.
Avec son investissement, AT&T a fait sa part pour contribuer à la diffusion de mensonges, de faussetés et de mèmes autoritaires qui minent la démocratie.
OAN a été une machine de propagande pour Donald Trump, qui a fait l’éloge du réseau lorsqu’il était président. « OAN – ils me traitent très bien », a déclaré Trump lors d’une conférence de presse l’année dernière.
Sans surprise, à son tour, le réseau est également devenu l’un des principaux fournisseurs de mensonges sur la fraude électorale, au point qu’un de ses journalistes a en fait aidé à financer l’audit amateur en Arizona. (L’« audit » a révélé que Biden avait remporté plus de votes que prévu.) Le réseau a accueilli le magnat de MyPillow Mike Lindell et ses étranges accusations de fraude électorale, malgré le nuage juridique qui pèse sur lui.
En effet, OAN est devenu le favori des trumpistes purs et durs qui estiment que Fox News n’est pas assez conservateur. Le réseau a suggéré que l’insurrection de Capitol Hill le 6 janvier, que Trump a incitée, était en fait une opération sous fausse bannière menée par des militants « antifa » déguisés.
OAN a également fait sa part pour diffuser de la désinformation sur COVID-19. La chaîne YouTube du réseau a été temporairement suspendue pour avoir fait la promotion de faux remèdes contre le virus. Au début de la pandémie, un journaliste de l’OAN a même lancé la théorie du complot selon laquelle le virus serait originaire d’un laboratoire de Caroline du Nord.
Bien sûr, OAN a également été un distributeur fiable de haine anti-LGBTQ. De plus, le réseau ne cherche pas à être subtil à ce sujet, préférant s’engager dans la rhétorique la plus incendiaire possible.
OAN a rapporté qu’une interdiction de la thérapie de conversion « interdirait la vente de la Bible ». Une animatrice de l’OAN, Kara McKinney, a dénoncé le « recrutement militant LGBTQ » et a déclaré pour le mois de la fierté: « Nous prions bien sûr pour ceux qui souffrent d’attirance pour le même sexe ».
McKinney a également accueilli un pasteur évangélique invité qui a promu la notion d’un «mois de l’histoire blanche» au lieu de célébrer le mois de la fierté. Au cours de ce segment, McKinney s’est plaint que les personnes LGBTQ « exercent tout le pouvoir dans ce pays ».
OAN a pris une haine particulière envers les jeunes transgenres, avec des invités affirmant qu’être trans est une « tendance » créée par la gauche comme alternative aux avortements.
AT&T n’est pas la seule entreprise à vouloir mettre en péril la république si cela se traduit par un profit. Facebook est peut-être le délinquant le plus connu, mais Facebook ferme au moins les yeux sur les mensonges et la désinformation. AT&T paie en fait pour cela.
Depuis le Reuters a été publié, AT&T a minimisé son rôle dans la création d’OAN. Mais qui allez-vous croire ? Un témoignage sous serment trouvé par Reuters, ou une déclaration du service des relations publiques d’AT&T ?
Le seul point positif est que l’OAN est relativement peu suivi. Reuters estime que 8 millions de personnes visitent le site Web du réseau. Pourtant, c’est environ 8 millions de trop.
