Le monument aux victimes homosexuelles de l’Allemagne nazie à Sitges, EspagnePhoto : Shutterstock
Six organisations LGBTQ en France poursuivent un candidat présidentiel d’extrême droite pour avoir nié que les homosexuels aient été ciblés par les nazis pendant l’Holocauste. Le procès est le premier en France à traiter spécifiquement de la négation de l’Holocauste en ce qui concerne les personnes LGBTQ.
Selon l’organisation Holocaust Memorial Day, entre 10 000 et 15 000 hommes ont été accusés d’homosexualité et envoyés dans des camps de concentration pendant l’Holocauste, et des dizaines de milliers d’autres ont été arrêtés et emprisonnés dans les prisons de la police. D’autres ont été castrés et soumis à des « expériences médicales horribles ». D’autres ont été tués.
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Cela, cependant, est une « légende », selon Eric Zemmour, candidat à la présidence de la France. Il a attiré l’attention nationale avec son livre de 2014 Le suicide français (Le suicide français), où il a déclaré que la France était en déclin depuis des décennies en raison de l’immigration, du féminisme et de l’égalitarisme. Dans ce livre, il a affirmé que la France de Vichy – le régime français autoritaire pendant la Seconde Guerre mondiale qui a collaboré avec les nazis – en fait protégé Juifs, malgré les arrestations massives par Vichy de Juifs en France qui ont été envoyés dans des camps de concentration.
L’année dernière, Zemmour a publié un manifeste de campagne intitulé La France n’a pas dit son dernier mot (La France n’a pas dit son dernier mot), dans lequel il qualifiait de « légende » le fait que les homosexuels aient été ciblés en France pendant la Shoah.
« L’expulsion des homosexuels de France en raison de leur orientation sexuelle est une légende », écrit-il. Environ 500 hommes accusés d’être homosexuels ont été arrêtés en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Désormais, six organisations LGBTQ – Mousse, Stop Homophobie, Inter-LGBT, Adheos, SOS Homophobie et Quazar – ont déposé une plainte contre Zemmour. La France, comme de nombreux autres pays européens, interdit la négation de l’Holocauste. Ces lois ont été adoptées par crainte que la négation de l’Holocauste soit un signe avant-coureur qu’il se reproduise. La loi française a été votée en 1990 pour lutter contre l’antisémitisme.
Les organisations ont publié un éditorial dans le magazine français LGBTQ TÉTU qui note que les autorités françaises elles-mêmes n’ont reconnu les homosexuels victimes de l’Holocauste qu’en 1995, refusant de laisser les militants LGBTQ participer aux cérémonies officielles de commémoration. Et ce n’est que dans les années 2010 que la reconnaissance des victimes homosexuelles a été normalisée lors des cérémonies locales.
En 2011, Rudolf Brazda – un Français déporté dans un camp de concentration pour homosexualité – a été fait chevalier de la Légion d’honneur en reconnaissance de son rôle de témoin.
« Le négationnisme d’Eric Zemmour est un appel voilé à la haine », déclare l’éditorial. « En niant les crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale contre les homosexuels, Eric Zemmour minimise les violences homophobes qui perdurent encore aujourd’hui. C’est-à-dire que pour comprendre et lutter contre l’homophobie, il faut lui faire face, dans sa réalité historique et quotidienne.
Les élections présidentielles françaises auront lieu le 12 juin et le second tour – si aucun candidat n’obtient plus de 51 % des voix, personne ne devrait le faire – aura lieu le 19 juin. Zemmour a généralement obtenu la troisième ou la quatrième place le mois dernier.