La législature française a adopté hier une interdiction radicale de la thérapie de conversion, alors que les législateurs des deux chambres du Parlement ont accepté le libellé de la loi et ont voté en faveur de celle-ci mardi.
L’Assemblée nationale – la chambre basse – a voté la loi à l’unanimité en octobre. Le sénat français a voté par 305 voix contre 28 en faveur de l’interdiction le 7 décembre. Les deux chambres ont adopté la langue de compromis mardi. La loi doit désormais être officiellement promulguée par le président Emmanuel Macron avant d’entrer en vigueur.
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Le projet de loi interdit toutes « pratiques, comportements et déclarations répétées dans le but de modifier ou de réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre réelle ou perçue d’une personne et ayant pour effet d’altérer matériellement sa santé mentale ou physique ».
Il est passible d’une peine potentielle de deux ans de prison et de 30 000 € (environ 34 000 US$) d’amende. La peine passe à trois ans de prison et à 45 000 € (environ 51 000 $ US) si la victime est mineure ou autrement considérée comme « vulnérable », si la personne pratiquant la thérapie de conversion est un parent ou un grand-parent de la victime, ou si la thérapie de conversion est menée en ligne. Les professionnels de la santé reconnus coupables de thérapie de conversion peuvent être interdits d’exercice pendant dix ans.
La loi contient également des dispositions obligeant les fournisseurs de services Internet à restreindre la thérapie de conversion.
« Être soi-même n’est pas un crime », a déclaré la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno. « Non, l’homosexualité et l’identité trans ne sont pas des maladies qui peuvent être guéries. Non, il n’y a rien à guérir.
« Je suis content parce que cette loi réprime la pratique et la qualifie de délit », a déclaré la sénatrice Dominique Vérien (Union centriste).
Le sénateur Bruno Retailleau du parti de droite Mouvement pour la France (MPF) a déclaré dans un communiqué que la thérapie de conversion est « déjà punissable par la loi » et qu’il a voté contre l’interdiction parce que « les lois ne sont pas censées satisfaire des positions idéologiques ».
Benoît, un homosexuel interviewé par la publication française LGBTQ TETU l’année dernière, a déclaré que ses parents catholiques l’avaient envoyé dans des séminaires pour essayer de le transformer directement de l’âge de 15 ans à l’âge de 18 ans.
« L’homosexualité est un démon », a-t-il dit à un pasteur. Le cinéaste de 30 ans a déclaré qu’il avait toujours peur à cause des exorcismes pratiqués sur lui.
« Ça va me suivre toute ma vie, dit Benoît.
Le Parlement a entendu des témoignages d’autres personnes qui ont parlé de la torture psychologique et physique impliquée dans la thérapie de conversion. Ils ont dit avoir subi des interrogatoires sur leurs pensées sexuelles, des ateliers, des exorcismes et même une thérapie par électrochocs.
L’homosexualité a été supprimée de la liste des troubles psychiatriques reconnus en France en 1981. Les « troubles de l’identité de genre » ont été supprimés en 2010.