Les gens participent à la Bucarest Pride, un événement célébrant la diversité et la communauté LGBT à Bucarest le 25 juin 2016. (Photo de DANIEL MIHAILESCU/AFP via Getty Images)
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné les autorités roumaines pour ne pas avoir poursuivi les auteurs impliqués dans un horrible incident anti-LGBT+.
En février 2013, une cinquantaine de manifestants ont envahi un cinéma à Bucarest, en Roumanie, qui diffusait le film LGBT+ Les enfants vont bien, selon AFP. L’événement était organisé par le groupe de défense des droits LGBT+ ACCEPT.
Mais les manifestants ont pris d’assaut la salle et ont crié « mort aux homosexuels » ainsi que des insultes homophobes aux gens dans le cinéma. Il a également été allégué que les manifestants portaient des drapeaux et des symboles d’extrême droite.
Une enquête sur l’incident a été clôturée le 14 octobre 2014, qui a décrit l’attaque comme un « échange de vues ». Une autre enquête visant à déterminer si les auteurs affichaient des « symboles fascistes » en public a été abandonnée en août 2017.
La CEDH a jugé mardi 1er juin que la police roumaine « n’avait pas empêché les insultes homophobes » et « n’avait pas veillé à ce que l’événement puisse avoir lieu, malgré une présence adéquate sur les lieux ». Elle a également conclu que les autorités « n’avaient pas offert une protection adéquate » aux requérants et « n’avaient pas enquêté efficacement sur la nature réelle des abus homophobes dirigés contre eux ».
« Les autorités ont ainsi discriminé les requérants en raison de leur orientation sexuelle », a jugé le tribunal.
La CEDH a décrit les actions de la police cette nuit-là comme moins qu’adéquates. Il a déclaré que la police roumaine « est entrée dans la pièce, a confisqué des drapeaux et est partie » – « malgré qu’on lui ait demandé de rester ».
Le tribunal a également estimé que « plusieurs plaintes » d’ACCEPT et de cinq ressortissants roumains « devant les tribunaux étaient vaines ». Et dans l’ensemble, il n’y a eu aucune mise en accusation contre les auteurs.
La décision a ajouté que les rapports de police pertinents sur l’incident « ne mentionnent pas l’homophobie ».
La CEDH a condamné les autorités roumaines à verser 7 500 € à ACCEPT et 9 750 € à chaque requérant. Les autorités roumaines devront également verser 3 264 € « conjointement à tous les requérants pour frais et dépens », a indiqué le tribunal.
ACCEPT a déclaré dans une déclaration à AFP qu’il s’est félicité du jugement. Il a ajouté que la décision de la CEDH montrait que « de telles manifestations de haine ne peuvent rester impunies ». Iustina Ionescu, l’avocate du groupe, a déclaré : « Pour la première fois, la CEDH a constaté que les autorités roumaines n’avaient pas rempli leurs obligations légales en raison de leurs préjugés contre la communauté LGBT.