Entre rhumes, températures qui jouent à cache-cache et nez bouchés à répétition, les parents de bébés connaissent bien la rengaine de l’automne. Pourtant, face à un nourrisson congestionné, la question n’a rien d’anodin : comment lui nettoyer le nez en toute sécurité ? Faut-il succomber à la tentation de la seringue nasale, ou y a-t-il un piège qui se cache derrière ce geste courant ? La pédiatre Catherine Solinier-Rolland, forte de plus de 40 ans d’expérience près de Bordeaux, lève le voile sur cette pratique.
Pourquoi le nez des bébés devient-il souvent une zone sinistrée à l’automne ?
L’été s’en va, le rhume s’installe. Les variations de température automnales amènent avec elles un cortège de maladies de saison : rhumes, grippes, angines… Rien d’exotique, mais un lot bien connu quand il s’agit des tout-petits. Si les enfants plus grands peuvent apprendre à se moucher d’un air dégagé (sauf ceux qui préfèrent toujours leur manche), pour les bébés, c’est une autre affaire : ils ne savent pas se moucher seuls.
Face à ce inconvénient de la vie de parent, plusieurs armes sont proposées :
- Sérum physiologique
- Seringues nasales
- Mouche-bébé
Mais attention, avertissent plusieurs laboratoires (Gifrer, Gilbert et Unither), certaines méthodes – et tout particulièrement la seringue nasale – ne sont pas sans risques. Et ces risques ne sont pas que de la légende urbaine de salle d’attente, mais des dangers réels pour la santé des bébés.
Seringues nasales : efficaces, mais à utiliser avec la plus grande méfiance
La pédiatre Catherine Solinier-Rolland l’affirme : les pipettes de sérum physiologique à usage unique restent le moyen le plus simple de nettoyer le nez des tout-petits. Les seringues nasales peuvent être tout aussi efficaces pour désencombrer les narines, mais elles présentent plusieurs désavantages non négligeables. D’abord, côté praticité, on repassera : il faut les laver très régulièrement. Ensuite, elles sont bien plus sujettes aux infections à cause de ce manque d’hygiène.
Mais surtout, la pédiatre met en garde contre :
- La possibilité d’exercer une pression trop forte, qui peut faire remonter brutalement les sécrétions et causer des blessures aux narines fragiles de bébé.
- Le risque d’enfoncer trop profondément la tige de la seringue, ce qui provoque douleurs et potentielles lésions.
En d’autres termes, prudence est mère de la sûreté, surtout quand il s’agit d’un petit nez qui ne demande qu’à respirer !
Risque infectieux : hygiène obligatoire (et ce n’est pas une option)
L’autre point noir pointé par le Dr Solinier-Rolland concerne l’hygiène. Les seringues nasales sont de véritables aimants à microbes si elles ne sont pas stérilisées à fond. Sa recommandation ?
- Ne jamais utiliser de pipette ou de solution déjà ouverte.
- Préférer toujours des outils stérilisés pour manipuler la seringue.
- Éviter d’aspirer du sérum physiologique dans une bouteille déjà entamée, car cela introduit un risque infectieux réel.
Rappelons que, chez le bébé, surtout durant ses six premiers mois, les défenses immunitaires sont encore en construction. Un rhume peut déjà bien l’affaiblir, alors inutile d’ajouter la carte « bactérie » dans la partie ! D’où l’impératif de redoubler de vigilance côté hygiène.
Quelques conseils pratiques pour les adaptateurs de la seringue (mais avec précaution !)
Cela dit, certains parents persévèreront avec la seringue, notamment pour des préoccupations écologiques. Dans ce cas, la pédiatre livre quelques conseils pour limiter les risques :
- Fabriquer soi-même sa solution saline, en diluant 9g de sel de mer dans 1L d’eau (minérale ou du robinet) et renouveler la préparation chaque jour.
- Adapter la quantité de sérum physiologique insérée dans la seringue : pas trop, pour ne pas créer de pression excessive dans la narine.
- Ne jamais injecter une grosse quantité d’un coup pour éviter les surpressions.
- Prendre soin de l’hygiène de la seringue à chaque utilisation.
Enfin, pour ceux qui ne sont pas très « bricolage médical » ou qui souhaitent tout simplement éviter tout stress supplémentaire, le conseil est clair : optez pour les pipettes à usage unique. Certes, c’est moins écolo et parfois plus onéreux, mais la praticité et la sécurité du geste n’ont pas de prix – surtout quand il s’agit d’un petit bout à la santé fragile.
Conclusion : la seringue nasale n’est pas le diable en plastique, mais impose une extrême prudence en raison des risques de blessure et d’infection. Pour une bonne hygiène, une utilisation douce et le minimum de microbes, ce sont les pipettes unidose qui remportent la médaille d’or des pédiatres. À la maison, mieux vaut donc privilégier la simplicité, surtout quand on n’a pas quatre bras (ni formation d’infirmier) : la sûreté avant tout, et le nez de bébé vous dira merci !
