Que se passe-t-il quand la géopolitique, le pétrole et les surtaxes s’invitent à la table des négociations ? Direction l’Inde, où la diplomatie entre dans la zone rouge, et les prix du baril s’échauffent tandis que l’Algérie regarde le compteur avec un brin d’inquiétude…
Bras de fer diplomatique autour du pétrole russe
L’Inde, pays au milliard d’habitants et à la soif énergétique insatiable, a réitéré, jeudi, le fondement de sa politique énergétique : défendre les intérêts du consommateur indien. Cette prise de position, loin d’être un simple effet d’annonce, intervient alors que Donald Trump affirmait que New Delhi s’était engagée à stopper ses importations de pétrole russe. Si la diplomatie, c’est l’art de ne pas répondre directement, alors le ministère indien des Affaires extérieures mérite une médaille : « Notre priorité consiste à protéger les intérêts du consommateur indien dans un marché énergétique volatil », peut-on lire dans son communiqué. Circulez, il n’y a rien à voir… ou à confirmer.
Une surtaxe américaine qui fait mal… aux exportations indiennes
Fin août, le président américain n’a pas pris de gants. Pour punir New Delhi de continuer à faire ses emplettes chez Moscou – achat considéré comme un appui financier à la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine – Washington a frappé un grand coup : une surtaxe de 50 % sur toutes les exportations indiennes. Pour l’économie indienne, c’est une piqûre de rappel (et pas qu’un petit rhume) ; l’Inde étant, juste derrière la Chine, le principal acheteur du précieux or noir russe.
- En 2024, le pétrole russe a représenté près de 36 % des importations de brut en Inde
- Avant la guerre en Ukraine, ce chiffre n’atteignait qu’environ 2 %
Le ministère du Commerce indien confirme la tendance : la dépendance s’est envolée en deux ans chrono, sous la pression des bouleversements internationaux.
La promesse de Modi ? Flou diplomatique
Mercredi soir, Donald Trump, jamais avare en déclarations, assure face à la presse que Narendra Modi, Premier ministre indien, lui aurait promis d’arrêter ces fameuses importations. « J’étais mécontent que l’Inde achète du pétrole, et il m’a assuré aujourd’hui qu’ils n’achèteraient pas de pétrole à la Russie », a-t-il déclaré. Sauf que, côté indien, ce qui se dit reste… en suspens. Le communiqué officiel ne dément ni ne confirme les propos du président américain. Un joli pas de danse diplomatique, ponctué d’une phrase sinueuse : « Les autorités américaines actuelles ont exprimé leur intérêt à augmenter la coopération énergétique avec l’Inde. Les discussions continuent. »
À l’ombre de l’Inde et des USA, le sort des pays producteurs
Si la rivalité entre les géants cristallise l’attention mondiale, un autre baril bouillonne ailleurs : le prix du pétrole. Dernièrement, il a dévissé sous le seuil des 61 dollars – atteint 60,9 dollars, pour être précis. Une première depuis plusieurs années, qui fait tousser les pays producteurs. Prenons l’Algérie : son budget 2026 table sur un pétrole à 60 dollars le baril, seuil considéré comme vital pour maintenir l’équilibre financier national. Autant dire que lorsque le prix s’approche dangereusement du plancher fixé par les autorités, les nuits sont agitées au ministère des Finances.
- Les hydrocarbures représentent plus de 90 % des exportations algériennes
- Près de la moitié des recettes budgétaires du pays proviennent de ce secteur
La baisse persistante pourrait forcer le gouvernement à serrer la ceinture, sous forme d’ajustements budgétaires, voire de coupes dans les dépenses publiques.
Ce n’est pas qu’une question de volonté : le prix du pétrole est soumis à la loi (presque cruelle) de l’offre et de la demande mondiales, des décisions de l’OPEP, et des turbulences géopolitiques. À ce jour, l’abondance mondiale et la demande en berne (merci la reprise économique mollassonne) poussent les prix vers le bas.
Institutions comme le FMI et la Banque mondiale surveillent tout cela comme le lait sur le feu, ajustant leurs prévisions à chaque glissement de baril : pour les pays producteurs, la chute rend encore plus difficile la diversification de leur économie. L’Algérie tente de se tourner vers l’industrie, l’agriculture et la finance islamique, mais la transition reste lente et semée d’incertitudes, toujours tributaire du marché pétrolier.
À l’horizon ? Si le pétrole baisse davantage, les fonds publics disponibles pour maintenir les services essentiels et investir dans le futur risquent de fondre plus vite qu’un glaçon en plein désert algérien. Un vrai casse-tête pour la stabilité – qui ne se résout ni par la diplomatie ni par les simples incantations politiques.
Conclusion : Le bras de fer russo-indien-américain a des répercussions bien au-delà des déclarations et surtaxes, dans un monde où chaque baril compte, et où le consommateur – qu’il vive en Inde, aux États-Unis ou en Algérie – reste l’ultime arbitre de ces grandes manœuvres. Restez attentifs aux fluctuations… et croisez les doigts à la pompe !
