Portrait de Lady Eleanor Butler et Miss Ponsonby, « Les dames de Llangollen »
À une époque où les relations homosexuelles étaient entourées de secret et étaient désapprouvées, deux Irlandaises de la classe supérieure ont défié les attentes de la société de vivre ouvertement en couple. Eleanor Butler (1739-1829) et Sarah Ponsonby (1755-1831), connues sous le nom de « Dames de Llangollen », ont captivé leurs contemporains et ont laissé une marque indélébile dans l’histoire en tant que pionnières de l’amour et du défi.
Le couple s’est rencontré grâce à des liens familiaux en 1768 et a rapidement formé un lien profond et indissoluble. Pour échapper aux pressions sociétales et aux mariages conventionnels attendus d'elles, Eleanor et Sarah quittèrent l'Irlande en 1780 et s'installèrent à Plas Newydd, une charmante maison gothique à Llangollen, au nord du Pays de Galles. Là, ils ont vécu ensemble pour le reste de leur vie. Ils avaient même un chien nommé Saphho, du nom du poète grec de Lesbos.
Leur maison est devenue un sanctuaire non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour de nombreux visiteurs distingués intrigués par leur histoire. Des personnalités littéraires telles que Lord Byron et William Wordsworth, des chefs militaires comme Arthur Wellesley et bien d'autres ont rendu visite aux femmes qui ont choisi de vivre leur vie selon leurs propres conditions. Wordsworth leur a même dédié un sonnet, célébrant leur amour et leur résilience.
Ne manquez jamais un battement
Les journaux d'Eleanor offrent un aperçu de leur vie quotidienne, remplie de joies simples et de profonde affection. Ses entrées révèlent des jours de paix, de plaisir et de contentement partagé, souvent ponctués de termes affectueux comme « bien-aimé », « mon doux amour » et « la chérie de mon cœur ». Malgré – ou peut-être à cause de – leurs origines aristocratiques, les dames de Llangollen sont devenues des symboles du désir homosexuel et du défi romantique.
Leur vie non conventionnelle n’est pas passée inaperçue ni critiquée. Le chroniqueur Hester Thrale les a qualifiés avec dérision de « maudits saphistes », et Lord Byron les a mentionnés dans une lettre discutant de ses propres intérêts romantiques. Pourtant, ils ont également inspiré l’admiration et l’espoir aux autres. Anne Lister, la célèbre chroniqueuse et sujet de la série de la BBC « Gentleman Jack », cherchait avec impatience à rencontrer les Dames en 1822, les considérant comme des pionnières d'un style de vie qu'elle aspirait à imiter.
L’héritage d’Eleanor et Sarah continue d’inspirer encore aujourd’hui. Plas Newydd reste un lieu de pèlerinage pour de nombreux membres de la communauté LGBTQ+. L'artiste contemporaine Sarah-Joy Ford, qui a récemment créé des œuvres inspirées de leur relation, s'est entretenue avec Le gardien de la présence puissante que les Dames ont laissée derrière elles.
« J'ai toujours été très investie dans l'histoire des lesbiennes et des LGBT+, et ce sont ces figures emblématiques », a-t-elle déclaré. Pour Ford et son partenaire, qui envisagent de se marier à Plas Newydd, les Dames de Llangollen symbolisent l'espoir et une célébration de l'histoire queer.
Leur histoire extraordinaire sera présentée dans la nouvelle saison de « Scéalta Grá na hÉireann » de TG4, une série consacrée aux plus grandes histoires d'amour d'Irlande. Présentée en septembre, la série plongera dans six relations captivantes et poignantes dans un contexte historique important, notamment la rébellion de 1798 et l'insurrection de Pâques. Parmi ces contes, l’histoire d’amour d’Eleanor et Sarah brille par son mélange unique de romance et de rébellion.
Alors que « Scéalta Grá na hÉireann » présente leur histoire à de nouveaux publics, Eleanor Butler et Sarah Ponsonby nous rappellent le pouvoir durable de l'amour et le courage de vivre de manière authentique. Leur histoire d’amour témoigne désormais de la force de l’esprit humain et de la quête intemporelle d’une véritable compagnie.